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INDUSTRIE DU SEL.                                543

         en une sorte de gigantesque escalier. C’est   zasalz, et qui forme des couches de 2 à
         ce que montre la figure 345.               15 mètres d’épaisseur, sur 40 à 60 mètres
                                                    de longueur et de largeur. Ce sel ren­
            C’est dans les salines de Wieliska, que   ferme un grand nombre de pétrifications,
         nous allons trouver l’exemple le plus re­  de débris de plantes et une forte proportion
         marquable de l’extraction du sel en roche.  d’argile (jusqu’à 15 pour 100 de son poids).
           Sur la rive droite de la Vistule, à deux lieues   Il est à petits grains et d’une couleur som­
         de Cracovie, dans la Galicie, qui faisait   bre. La troisième espèce, qui porte le nom
         autrefois partie de la Pologne et qui est une   de Schibikersalz, se compose de couches ho­
         des possessions actuelles de l’Autriche, se   rizontales allongées, de 1 à 8 mètres d’é­
         trouve Wieliska, petit centre industriel de   paisseur, de 38 mètres de largeur sur une
         4,000 habitants. La ville est bâtie au fond   longueur variant de 500 à 800 mètres. Ce
         d’une profonde vallée ; les salines sont au-   dernier sel est d’un grain moyen, presque
         dessous du sol même de la ville.          blanc et très-pur, car il ne contient guère que
            L’exploitation du sel gemme à Wieliska   2 pour 100 d’argile et de sulfate de chaux.
         et à Bochnia remonte à plus de six siècles,
         car cette mine, découverte pour la première   Les salines de Bochnia furent découver­
         fois en 1044, fut mise en exploitation régu­  tes en 1251. La légende attribue cette dé­
         lière au xiiic siècle, et cette exploitation n’a   couverte à sainte Cunégonde, princesse hon­
         jamais été interrompue. Aujourd’hui les   groise, épouse du duc Boleslas V. Il est
         travaux ont atteint une longueur de 2,780   probable que cette princesse joua un rôle
         mètres dans la direction de l’est à l’ouest,   plus prosaïque, et qu’elle se borna à amener
         de 760 mètres dans la direction nord-sud,   en Pologne des mineurs hongrois. Les
         sur une profondeur de 260 mètres. Les gale­  exploitations régulières de sel de Bochnia
         ries d’exploitation, en les supposant prolon­  remontent à l’an 1442.
         gées en ligne droite, formeraient une lon­   Les salines de Bochnia sont moins consi­
         gueur de 170 lieues (680 kilomètres). Ces ga­  dérables que celles de Wieliska. Le produit
         leries sont mises en communication avec la   des unes et des autres, sous le gouverne­
         surface du sol par onze puits, dont sept sont   ment polonais, s’élevait, selon Moczinsky,
         utilisés pour l’extraction proprement dite.  à dix millions de florins de Pologne, dont
           Le sel se présente, tantôt en masses, tantôt   les frais absorbaient les neuf dixièmes. Après
         en couches allongées, renfermées dans une   les améliorations faites sous le gouverne­
         gangue, composée d’une marne argileuse.   ment autrichien, ces salines donnèrent un
           D’après ses propriétés différentes, le sel   produit plus considérable.
         de la mine de Wieliska forme trois sortes
         principales. Dans les parties supérieures du   Le§ mines de Wieliska étaient exploitées,
         gisement, le sel se présente sous forme de   avons-nous dit, dès le xine siècle. Au
         rayons, dont le volume varie entre 1 mètre   xive siècle, le roi de Pologne, Casimir le
         et 2,000 mètres cubes, et qui sont entourés   Grand, établit de sages règlements pour
         de couches d’argile et de sable : c’est le sel  leur administration, de sorte que sous son
         vert (grünsalz'). Ce sel est à gros grains   règne, elles devinrent très-productives.
         d’une coloration gris-verdâtre et contient   En 1656, les Suédois et les Russes ayant
         de l’argile intimement mélangée. Immédia­  envahi la Pologne, le roi de Pologne solli­
         tement au-dessous se trouve une seconde   cita l’appui de l’empereur Léopold d’Au­
         espèce, qu’on désigne sous le nom de spi-   triche. Ce dernier consentit à envoyer des
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