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540 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

Nous reproduisons ici, d’après l’édition de ' pages et ces dessins non moins curieux.
1657 (fig. 344, page 537), le dessin de l’ou­ 11 faut ajouter, pour terminer cet his­
vrage d’Agricola qui se rapporte spéciale­ torique, que c’est en Allemagne, en 1559,
ment aux marais salants. On y voit résumé que fut imaginé par un médecin, nommé
tout le travail de l’extraction du sel des eaux Mathieu Abith, l’artifice qui consiste à acti­
de la mer. Le réservoir (B) et l’écluse (C) ver l'évaporation des eaux des sources salées,
qui amènent par des rigoles, D, l’eau de la en les faisant tomber en une pluie qui se
mer (A) dans l’enceinte de divers bassins di­ divise successivement sur de grands amas de
visés en compartiments (E, E), elles hommes fagots et d’épines qu’elles rencontrent dans
qui tirent le sel une fois l’évaporation ter­ leur chute, ce qui produit une évaporation
minée par l’action des rayons solaires. sans dépense de calorique. Le premier bâ­
Après avoir décrit avec beaucoup de soin timent de graduation, — tel est le nom de
la manière de construire les bassins évapo- cet appareil d’évaporation économique, —
ratoires au bord de la mer, ainsi que les fut établi en Allemagne, dans le parc de
canaux et rigoles amenant l’eau dans ces Mersebourg.
bassins, Agricola (nous traduisons à grands
traits) ajoute :

« Tout cela étant bien préparé et l’écluse étant
fermée, on débouche l’ouverture du réservoir qui CHAPITRE II
contient l’eau de mer, pure ou mélangée d’eau de
pluie ou de fleuve, et de cette manière toutes les DISTRIBUTION DU SEL A LA SURFACE DU GLOBE : LE SEL
rigoles se remplissent. Ensuite on ouvre la première GEMME, LES SOURCES ET FONTAINES SALÉES, LES EAUX
vanne qui donne accès à ces eaux dans le premier DE LA MER ET LES LACS SALÉS. —PRINCIPAUX GISEMENTS
bassin. Pendant que le sel se concentre, l’eau DU SEL GEMME. — SON ORIGINE GÉOLOGIQUE. — EX­
se dépouille des substances terreuses. Alors on in­ TRACTION DU SEL GEMME PAR DES GALERIES DE MINES. —
troduit cette même eau dans le bassin suivant, LES SALINES DE W1EL1SKA ET DE BOCHNIA EN GALICIE.
jusqu’à ce que, par l’ardeur du soleil, l’eau dans ce — LEUR DESCRIPTION.
bassin s'épaississe et dépose du sel. Bientôt après
on ouvre l’ouverture qui amène ces eaux dans le Prenez un fragment de sodium métalli­
bassin qui suit. Quand elles y sont restées un certain que, et plongez-le dans un flacon plein de
espace de temps, on ouvre le dernier canal qui les
amène dans un troisième bassin, dans lequel enfin chlore gazeux, il y aura aussitôt, et par le
toute l'eau se change en sel. Quant aux premiers fait de la combinaison de ces deux corps,
bassins qu’on a vidés, on les remplit de nouvelle dégagement de chaleur et de lumière, et
eau de mer. Le sel est détaché du sol avec des
le flacon restera tapissé d’une poudre blan­
râteaux de bois, et enlevé avec des pelles (1).»
che, soluble dans l’eau et cristallisant en
Après cette description des marais sa­ cubes. C’est là le produit que les chimistes
lants, Agricola consacre une douzaine de désignent sous le nom de chlorure de sodium,
planches et plusieurs pages de texte à re­ ce qui veut dire, en français, combinaison
présenter la manière d’extraire le sel des de sodium et de chlore.
fontaines salées qui existent en différentes Le chlorure de sodium est répandu sur
parties de l’Allemagne. Les personnes qui notre globe avec une prodigieuse abon­
désirent se renseigner sur l’histoire de la dance. Disons tout de suite que chaque litre
métallurgie et de la fabrication des produits de l’eau de mer en contient en moyenne 25
chimiques au Moyen âge et à la Renais­ grammes, et nous donnerons ainsi une
sance, consulteront avec fruit ces curieuses idée exacte delà masse énorme de ce produit
que recèle notre planète.
(1) Georgii Agricolæ, De re metallicâ, libri XII, in-48,
Basileæ, 1657, pag. 440, lit». XII. Mais on ne trouve pas seulement le chlo-