Page 503 - Les merveilles de l'industrie T1
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LES SOUDES ET LES POTASSES.                              499

              Le lessivage de la soude brute est une   ( espèce de cascade et de faire couler de
            opération très-importante. Elle se pratique   l’eau pure dans le bassin supérieur, qui, par
            dans un étagement de douze à quinze bas­  le tuyau du bas, déverse son trop-plein d’eau
            sins, qui communiquent les uns avec les   sous le vase qui le suit. 11 s’établit donc un
            autres. Les bassins sont placés sur des gra­  double mouvement que nous pourrions com­
            dins superposés, c’est-à-dire que chaque bas­  parer à des gammes ascendantes et descen­
            sin est placé sur un gradin supérieur à celui   dantes : à mesure que la soude renfermée
            qui le suit immédiatement. Ces vases com­  dans les paniers remonte les étages des bas­
            muniquent de l’un à l’autre par des tuyaux   sins et s’épuise, l’eau qui est entrée pure dans
            qui, placés à 15 centimètres environ du   le vase supérieur, se charge de plus en plus
            fond du vase, fonctionnent à la manière   en descendant.
            d’un siphon, c’est-à-dire pénètrent par la   Arrivée dans le dernier bassin F, elle
            partie supérieure dans celui qui suit.    passe dans un réservoir de repos, G, où
              La figure 334 représente l’appareil em­  on la laisse séjourner et déposer les sub­
            ployé par beaucoup de fabricants, tant en   stances qu’elle peut encore tenir en suspen­
            France qu’en Angleterre et en Allemagne,   sion ; puis, au moyen d’un robinet, on l’in­
            pour le lessivage de la soude brute.      troduit dans une première chaudière II, et
              Voici comment on procède au lessivage   on la soumet à l’évaporation.
           méthodique de la soude brute.                Dans le plus haut des bassins, on retire, à
              Deux paniers contenant des blocs concas­  mesure qu’ils y arrivent, les blocs de soude
           sés de soude brute sont placés sous le dernier   brute totalement épuisée.
           bassin, F, pendant une demi-heure. Ces pa­
           niers sont en tôle percée comme une écu­     Nous devons ajouter que cet appareil de
           moire, afin que l’eau puisse facilement y   bassins superposés n’est pas d’un grand
           pénétrer et se saturer des sels solubles que   usage à Marseille. Dans la plupart des fa­
           renferme la soude brute. La demi-heure     briques de soude, on se contente, pour lessi­
           étant écoulée, on porte les deux paniers   ver la soude brute destinée aux opérations de
           dans le bassin immédiatement supérieur,    la saponification, de faire usage des cuves
           E, et deux nouveaux paniers de soude      simples ou barquieux, qui servent aux sa­
           vont les remplacer sous le dernier bas­   vonniers pour préparer leurs lessives et
           sin. De demi-heure en demi-heure on re­   que nous avons représentés en parlant des
           nouvelle la même opération, c’est-à-dire   saxons (page 420, fig. 279 à 282).
           que les paniers qui ont séjourné sous le
           n° 1 et le n° 2 sont placés successivement   Il s’agit maintenant d’évaporer ces liqui­
           sous les n05 2 et 3, et ainsi de suite, de ma­  des chargés de carbonate de soude.
           nière qu’au moment où les paniers qui       Les chaudières d’évaporation sont dispo­
           étaient d’abord sous le n° 1 (le bassin in­  sées en gradins ; elles se composent, à propre­
           férieur), sont parvenus au n“ 5, le dernier   ment parler, de longs bassins, en tôle mesu­
           ou le supérieur, tous les bassins ont reçu   rant de 75 à 80 centimètres de profondeur.
           une charge de soude.                      Elles sont, comme on l’a vu sur la figure 334,
             Ainsi les cinq ou six bassins employés sont   chauffées par un seul foyer, et assises sur
           à la fin simultanément occupés par des pa­  un long carneau sous lequel la flamme s’al­
           niers remplis de soude. A chaque déplace­  longe et l’air chaud s’écoule. Les dernières
           ment on a soin d’ouvrir le robinet d’un   chaudières sont les moins chauffées. Elles
           réservoir d’eau, A, placé au sommet de cette   reçoivent les liqueurs les moins chargées
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