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494 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
chevait à une plus haute température, et
donnait uniquement du sulfate de soude.
CHAPITRE V Pour transformer ensuite ce sulfate de
! soude en carbonate, Leblanc eut l’idée, —
TRANSFORMATION DU SULFATE DE SOUDE EN CARBONATE. — et ce fut là, comme nous l’avons raconté, sa
PROCÉDÉ DE LEBLANC.—DESCRIPTION DES FOURS A SOUDE.
découverte fondamentale, — d’ajouter de la
— LES FOURS A SOUDE DE MARSEILLE, D’ANGLETERRE
' craie (carbonate de chaux) au mélange de
ET D’ALLEMAGNE.
sulfate de soude et de charbon, et de cal
Le sulfate de soude obtenu par les opé ciner le tout dans un four.
rations que nous venons de décrire, est des Leblanc avait eu non-seulement à déter
tiné à être transformé en carbonate de soude miner les agents chimiques convenables
au moyen de la craie et du charbon, à la cha pourla décomposition du sulfate de soude
leur rouge. Arrivons à cette partie essentielle par la craie, mais encore les doses utiles
de la fabrication. pour la plus facile et la plus complète réac
Nicolas Leblanc avait commencé par pré tion. Et c’est encore pour nous un sujet d’é
parer le sulfate de soude, en décomposant tonnement et d’admiration, que la précision
le sel marin par l’acide sulfurique, dans une avec laquelle Leblanc sut reconnaître et
chaudière de plomb de 25 centimètres de fixer les doses de ce mélange, doses que la
profondeur, 2 mètres 33 centimètres de pratique n’a pu que justifier de nos jours.
longueur et 1 mètre 60 de largeur, qui était Voici, en effet, les proportions indiquées
chauffée par un four disposé par-dessous. par Nicolas Leblanc et celles qu’on suit
L’acide chlorhydrique résultant de la aujourd’hui :
réaction était entraîné avec les gaz provenant
DOSAGE
de la combustion du charbon, dans une DE LEBLANC DOSAGE ACTUEL
Sulfate de soude.......... 1000 2000
haute cheminée, qui le disséminait dans
Carbonate -de chaux... 1000 2000
l’atmosphère. Leblanc faisait quelquefois Charbon............................ 550 10C0
absorber l’acide chlorhydrique par des va
peurs ammoniacales provenant de matières Aujourd’hui, dans les fabriques de Mar
animales qu’il distillait dans des cylindres seille et dans celles de l’Angleterre, le sul
en fonte. Il obtenait ainsi du sel ammo fate de soude mélangé de charbon et de
niac^ qui trouvait son emploi dans l’in craie, est calciné dans un four à réverbère
dustrie. Cependant on ne pouvait achever la de forme elliptique, dont la sole, c’est-à-dire
décomposition du sel par l’acide sulfurique le fond, construite en briques réfractaires,
dans la chaudière de plomb. Lorsque le mé présente une grande surface.
lange était devenu pâteux, on le retirait au Arrêtons-nous un moment sur cette forme
dehors, sur des dalles en pierre siliceuse. elliptique du four à soude, car cette forme
Dans cette manipulation, il se dégàgeait des a son importance.
torrents de gaz et de vapeurs acides, qui Les fours dans lesquels Nicolas Leblanc
étaient dangereux pour les ouvriers et insa calcinait le sulfate de soude, étaient rectan
lubres pour le voisinage. La matière se pre gulaires, ce qui avait pour résultat de ne
nait en masse. Après le refroidissement, on ! pas répartir dans tout le four une cha-
la concassait à coups de merlin, et on intro ! leur uniforme. Aux arêtes, la chaleur n’é
duisait les fragments dans un nouveau four tait pas assez forte pour achever la décom
à réverbère, construit entièrement en bri position. Aussi la soude que Nicolas Leblanc
ques, et dans lequel la décomposition s’a | fabriqua pour la première fois, fut-elle re