Page 498 - Les merveilles de l'industrie T1
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494                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                                                                 chevait à une plus haute température, et
                                                                 donnait uniquement du sulfate de soude.
                                    CHAPITRE V                     Pour transformer ensuite ce sulfate de
                                                               ! soude en carbonate, Leblanc eut l’idée, —
                       TRANSFORMATION DU SULFATE DE SOUDE EN CARBONATE. —   et ce fut là, comme nous l’avons raconté, sa
                        PROCÉDÉ DE LEBLANC.—DESCRIPTION DES FOURS A SOUDE.
                                                                 découverte fondamentale, — d’ajouter de la
                        — LES FOURS A SOUDE DE MARSEILLE, D’ANGLETERRE
                                                               ' craie (carbonate de chaux) au mélange de
                        ET D’ALLEMAGNE.
                                                                 sulfate de soude et de charbon, et de cal­
                         Le sulfate de soude obtenu par les opé­  ciner le tout dans un four.
                      rations que nous venons de décrire, est des­  Leblanc avait eu non-seulement à déter­
                      tiné à être transformé en carbonate de soude   miner les agents chimiques convenables
                      au moyen de la craie et du charbon, à la cha­  pourla décomposition du sulfate de soude
                      leur rouge. Arrivons à cette partie essentielle   par la craie, mais encore les doses utiles
                      de la fabrication.                         pour la plus facile et la plus complète réac­
                        Nicolas Leblanc avait commencé par pré­  tion. Et c’est encore pour nous un sujet d’é­
                      parer le sulfate de soude, en décomposant   tonnement et d’admiration, que la précision
                      le sel marin par l’acide sulfurique, dans une   avec laquelle Leblanc sut reconnaître et
                      chaudière de plomb de 25 centimètres de    fixer les doses de ce mélange, doses que la
                      profondeur, 2 mètres 33 centimètres de    pratique n’a pu que justifier de nos jours.
                      longueur et 1 mètre 60 de largeur, qui était   Voici, en effet, les proportions indiquées
                      chauffée par un four disposé par-dessous.  par Nicolas Leblanc et celles qu’on suit
                        L’acide chlorhydrique résultant de la   aujourd’hui :
                      réaction était entraîné avec les gaz provenant
                                                                                     DOSAGE
                      de la combustion du charbon, dans une                        DE LEBLANC DOSAGE ACTUEL
                                                                Sulfate de soude..........   1000   2000
                      haute cheminée, qui le disséminait dans
                                                                Carbonate -de chaux...   1000   2000
                      l’atmosphère. Leblanc faisait quelquefois   Charbon............................  550   10C0
                      absorber l’acide chlorhydrique par des va­
                      peurs ammoniacales provenant de matières     Aujourd’hui, dans les fabriques de Mar­
                      animales qu’il distillait dans des cylindres   seille et dans celles de l’Angleterre, le sul­
                      en fonte. Il obtenait ainsi du sel ammo­  fate de soude mélangé de charbon et de
                      niac^ qui trouvait son emploi dans l’in­   craie, est calciné dans un four à réverbère
                      dustrie. Cependant on ne pouvait achever la   de forme elliptique, dont la sole, c’est-à-dire
                      décomposition du sel par l’acide sulfurique   le fond, construite en briques réfractaires,
                      dans la chaudière de plomb. Lorsque le mé­  présente une grande surface.
                      lange était devenu pâteux, on le retirait au   Arrêtons-nous un moment sur cette forme
                      dehors, sur des dalles en pierre siliceuse.   elliptique du four à soude, car cette forme
                      Dans cette manipulation, il se dégàgeait des   a son importance.
                      torrents de gaz et de vapeurs acides, qui    Les fours dans lesquels Nicolas Leblanc
                      étaient dangereux pour les ouvriers et insa­  calcinait le sulfate de soude, étaient rectan­
                      lubres pour le voisinage. La matière se pre­  gulaires, ce qui avait pour résultat de ne
                      nait en masse. Après le refroidissement, on  ! pas répartir dans tout le four une cha-
                      la concassait à coups de merlin, et on intro­ ! leur uniforme. Aux arêtes, la chaleur n’é­
                      duisait les fragments dans un nouveau four   tait pas assez forte pour achever la décom­
                      à réverbère, construit entièrement en bri­  position. Aussi la soude que Nicolas Leblanc
                      ques, et dans lequel la décomposition s’a­ | fabriqua pour la première fois, fut-elle re­
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