Page 494 - Les merveilles de l'industrie T1
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490                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                      Si l’on veut représenter cette réaction par   duits chimiques quand cela est nécessaire.
                    les formules chimiques, on dira :            C’est ainsi que l’on opère pour préparer le
                                                              sulfate de soude, à Rouen, à Lille, à Paris,
                       CINa + SO3,HO = SO3,NaO + GUI
                                                              partout enfin où l’on peut vendre avec profit
                        Sel   Acide sulfurique   Sulfate   Acide  l’acide chlorhydrique.
                       marin.    hydraté.   de soude. chlorhydrique.
                                                                 Mais hàtons-nous d’ajouter que ce cas est
                      Les appareils et le procédé pratique va­  peu fréquent. Ce n’est que dans le nord de
                    rient selon que l’on veut recueillir l’acide   la France que l’on s’inquiète de recueillir
                    chlorhydrique qui provient de la réaction,   le gaz chlorhydrique. Ce produit est, en gé­
                    ou laisser perdre ce produit, considéré   néral, sans valeur, et, du moins dans le midi
                    comme sans valeur. Occupons-nous de la    de la France, plutôt un objet d’embarras et
                    première de ces méthodes.                 d’ennuis qu’une cause de bénéfice industriel.
                      Pour décomposer le sel marin par l’acide   A Marseille et sur les côtes de la Méditer­
                    sulfurique en recueillant l’acide chlorhy­  ranée, où se trouve la grande fabrication du
                    drique dans l’eau, on emploie l’appareil que   sulfate de soude destiné à être transformé
                    représente la figure 331. On place le sel   en soude factice, loin de songer à recueillir
                    marin, R, préalablement réduit en poudre,   le gaz acide chlorhydrique, on ne s’inquiète
                    dans un cylindre en fonte, C. Ce cylindre est   que des moyens de s’en débarrasser. Nous
                    placé sur un fourneau chauffé par un foyer, S,   allons voir comment on y parvient.
                    et le gaz chlorhydrique qui se dégage par
                    l’action de l’acide sulfurique, se rend, au   Nous représentons ici (fig. 331) le four à
                    moyen d’un large tube ou manchon de verre,   sulfate de soude des fabricants marseillais,
                    J, terminé par un tube de verre, K, dans des   c’est-à-dire l’appareil qui sert à transformer
                    bonbonnes, E, E', E", E'", qui contiennent de   le chlorure de sodium en sulfate de soude au
                    l’eau destinée à dissoudre le gaz chlorhy­  moyen de l’acide sulfurique.
                    drique. Le cylindre, C, est fermé à son extré­  On voit que la décomposition se fait dans
                    mité par un obturateur en fonte, N, qu’on   un véritable four, et que le gaz chlorhy­
                    lute avec de l’argile. Cet obturateur est tra­  drique n’est point recueilli, mais évacué au
                    versé, à sa partie supérieure, par un tube   dehors par un conduit de fonte. Voici le
                    muni d’un entonnoir, I, par lequel on laisse   rôle des différentes parties de ce four.
                    couler l’acide sulfurique qui doit réagir sui­  A, est le foyer chargé de combustible ; D,
                    te sel marin.                              le cendrier; B, une capacité nommée réver­
                      Il se dégage aussitôt des torrents de gaz   bère ; C, une seconde capacité, nommée
                    acide chlorhydrique, qui se rendent dans les   moufle. L’une et l’autre de ces capacités
                    bonbonnes remplies d’eau, et qui sont reliées   communiquent entre elles au moyen d’un
                    entre elles par des tubes en grès T, T', T", T'".   canal, I. La flamme du foyer commence par
                    Le gaz qui ne s’est pas condensé dans l’eau   chauffer très-fortement le réverbère B, et
                    des bonbonnes se perd dans une cheminée    passe ensuite dans la moufle, C, qui est
                    au tirage énergique. A cet effet, la dernière   moins chauffée que la première capacité.
                    bonbonne est munie d’un tube qui débouche    C’est dans cette moufle, C, que l’on intro­
                    dans la cheminée.                          duit le sel marin, sur lequel, au moyen d’un
                       Le fourneau est muni de carneaux F, F',   entonnoir et d’un tube, I, R, on verse l’acide
                    qui servent à modérer ou à activer la cha­  sulfurique un peu étendu d’eau. Par le con­
                    leur. Au-dessus de la chaudière est un es­  tact de l’acide sulfurique hydraté et du chlo­
                    pace vide, D, qui sert à dessécher les pro­  rure de sodium, il se dégage des torrents de
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