Page 497 - Les merveilles de l'industrie T1
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LES SOUDES ET LES POTASSES.                             493


          crivent la condensation de l’acide chlorhy­  cants ont sur eux une plus grande influence
          drique, et l’on tient strictement la main à   que les prescriptions de l’administration et
          l’observation de ces règlements. En Angle­  les demandes de dommages-intérêts faites
          terre, d’après un. acte du parlement, des ,  par les voisins.
          inspecteurs spéciaux ont le droit de s’intro­  L’acide chlorhydrique a de très-nombreux
          duire dans les fabriques de sulfate de soude,   usages. On l’emploie pour la fabrication du
          et d’y constater si la condensation du gaz   chlore et des hypochlorites {chlorures déco­
          acide y atteint les 95 centièmes de celui que   lorants et désinfectants du commerce). 11
          représente le sel marin décomposé.        entre dans la composition du chlorure de
            Il n’est pas sans intérêt de savoir par quel   zinc, qui est employé à la conservation des
          moyen oïi arrive exactement à cette consta­  bois et à la désinfection des matières ani­
          tation. C’est ce que nous apprend M. Balard   males diverses. Il sert à décaper les métaux,
          dans son Rapport sur l'industrie chimique, à   à préparer les chlorures d’étain et le sel
          l’Exposition de Londres en 1862.          ammoniac, à extraire la gélatine des os, à
                                                    amollir l’ivoire. Mélangé à l’acide azotique,
           « Pour déterminer le volume d’acide chlorhydri­
          que contenu dans l’air qui s’échappe de la cheminée   il constitue l’eau régale, qui sert à dissoudre
          d’une usine, dit M. Balard, on adapte à un tuyau   l’or, le platine, etc. On l’emploie encore
          coudé qui communique avec cette cheminée, un de   pour aciduler l’eau dans laquelle on lave les
          ces petits ventilateurs, dont on munit les carreaux   tissus de chanvre, de lin, imprégnés de chlo­
          supérieurs dans quelques appartements, et qui, par
          suite de l’aspiration que détermine le tirage, donnent   rure de chaux.
          lieu à un mouvement continu. Ce mouvement se com­  A ces divers emplois que l’acide chlorhy­
          munique à un petit soufflet en gomme élastique, qui,   drique reçoit dans l’industrie, ajoutons la
          se remplissant de l’air qu’il prend dans la cheminée,
          s’injecte dans un petit appareil de Woolf, contenant   saccharification du maïs et d’une partie
          une solution titrée d’argent. Comme un compteur   de la cellulose de bois, pour fabriquer l’al­
          permet de connaître combien de fois le soufflet,   cool, — la préparation de l’acide car­
          dont la capacité est connue, s’est rempli et vidé, on   bonique, pour fabriquer les eaux gazeuses
          peut déterminer facilement quel volume d’acide
                                                    et les bicarbonates alcalins, — l’épura­
          chlorhydrique cet air contenait. »
                                                    tion des sables ferrugineux — la dissolu­
            On s’était beaucoup ému en France, vers   tion des incrustations calcaires, dans les
          1866, des dangers divers qui résultaient de   chaudières à vapeur, dans les conduits, les
          la non-condensation de l’acide chlorhydri­  grilles et colonnes évaporatoires en cuivre,
          que. Dans un rapport sur l'assainissement in­  — la préparation du cirage anglais, — l’essai
          dustriel et municipal en France, publié à cette   des manganèses, — enfin la préparation,
          époque par ordre du gouvernement,M. Fr eys-   dans les glacières artificielles, des mélanges
          sinet estimait qu’une moitié de l'acide chlor­  frigorifiques, qui se composent de cet acide
          hydrique produit échappait à la condensa­  et de sulfate de soude cristallisé.
          tion. Depuis ce temps on a apporté de no­   Après cette énumération de tous les em­
          tables améliorations à ce fâcheux résultat par   plois de l’acide chlorhydrique, n’est-on pas
          l’introduction progressive des fours à moufle   en droit de plaindre les fabricants de soude du
          dans les usines, appareils qui ont rendu la   nord de la France qui reculent devant la
          condensation de l’acide chlorhydrique plus j
                                                    dépense que leur imposerait la modification
          facile et plus complète, mais surtout par le '   de leur outillage industriel, et qui laissent
          prix croissant des produits que l’on obtient   coproduit chimique se perdre dans l’air?
          par cette condensation. On n’ignore pas en
          effet que les bénéfices réalisés par les fabri­
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