Page 420 - Les merveilles de l'industrie T1
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L’INDUSTRIE DES SAVONS.                           s   415

            Au point de vue chimique la saponification   garique et oléique, forme des stéarate, mar­
          est donc l’opération au moyen de laquelle   garate et oléate de potasse, qui ne prennent
          on sépare les deux éléments organiques qui   jamais que la consistance d’une gelée plus
          composent les corps gras neutres. La gly­  ou moins épaisse dans leur contact avec
          cérine devient libre et reste dissoute dans   l’eau, probablement à cause de l’affinité
          l’eau, tandis que les acides stéarique, oléi-   prédominante de la potasse pour ce liquide ;
          que ou margarique se combinent au corps    tandis que les mêmes sels produits par la
          gras et forment le savon. Le savon d’huile   soude sont beaucoup moins solubles ; et l’on
          d’olive, par exemple, est un mélange de    remarque même que leur solubilité est
          stéarate, de margarate et d’oléate de soude.  d’autant moindre que le stéarate est plus
                                                     abondant relativement à l’oléate.
             On classe généralement les savons en sa­  Les savons mous sont ordinairement co­
          vons durs et en savons mous. Les savons durs   lorés en vert ou en noir. On leur commu­
          sont à base de soude, les autres à base de   nique ces couleurs soit au moyen de l’acide
           potasse. Les plus estimés, parmi les savons   sulfurique, soit par un mélange de sulfate
           durs, sont ceux qui se font avec l’huile d’o­  de protoxyde de fer, de noix de galles et de
           live. On a cependant remarqué qu’en général   bois de campêche.
           les savons d’huile d’olive et de soude sont
           cassants et s’émiettent lorsqu’on les coupe,
           tandis que l’adjonction d’huile de noix,
           d’arachide, de sésame, etc., donne des                 CHAPITRE V
           savons d’une consistance très-ferme; ils
           sont onctueux et très-détersifs. Ce mélange   DESCRIPTION DES PROCÉDÉS AUJOURD’HUI EN USAGE POUR
                                                       LA FABRICATION DES SAVONS. — FABRICATION DU SAVON
           permet donc de réaliser de grandes écono­
                                                       MARBRÉ DE MARSEILLE.
           mies dans la fabrication, sans nuire aucune­
           ment à la bonté du produit.                 La fabrication des savons, en général, se
             Les savons, durs ou à base de soude, sont   compose d’une série d’opérations, qui peu­
           d’autant plus durs que les matières grasses  vent être divisées en trois périodes :
           qui entrent dans leur composition sont plus   1° La préparation d’une sorte d’émulsion,
           riches en principes solides; mais ils diffèrent   ou empâtage, qui constitue un commence­
           toujours entre eux par la consistance et par   ment de saponification.
           l’odeur, suivant la nature des huiles ou des   2° Le relargage de la pâte à demi émul­
           matières grasses qui ont été employées à   sionnée. Cette opération a pour but de sé­
           leur préparation.                         parer de l’excès de lessive aqueuse l’émul­
             Les savons mous, c’est-à-dire à base de   sion formée par T empâtage. On détermine
           potasse, peuvent subir le mélange de divers   la séparation en ajoutant à la masse empâ­
           corps gras, tels que les huiles de chènevis,   tée une certaine quantité de sel marin, qui
           de lin, de colza, de navette, d’œillette, d’a­  provoque immédiatement la précipitation
           cide oléique et d’huile de palme, etc.    de l’émulsion savonneuse en une seule
           ■’M. Chevreul s’est livré à quelques recher­  masse solide. -                     t
           ches pour connaître les causes qui font que   3° La saponification proprement dite, ou
           les savons à base de soude sont toujours durs,   coction, qui s’opère sous l’influence d’une
           tandis que ceux à base de potasse sont tou­  chaleur prolongée, et qui achève l’entière
           jours mous. lia reconnu que la potasse, en   et parfaite combinaison de la matière grasse
           se combinant avec les acides stéarique, mar­  avec l’alcali.
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