Page 424 - Les merveilles de l'industrie T1
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L’INDUSTRIE DES SAVONS 419
certaines lessives, (lonne le degré nécessaire pliquerait pas sans de sérieux inconvé
pour l’empâtage des huiles. nients à la fabrication industrielle. La sa
Le résidu de la soude est épuisé par de ponification ne peut bien se produire en
l'eau pure; et la lessive faible qui provient grand qu’autant que les premières lessives
de ce dernier lavage sert à dissoudre une employées sont étendues de beaucoup d’eau.
nouvelle quantité de soude neuve, etc. Si cette opération était omise, le mé
Pendant ce dernier lessivage, on a soin de lange du corps gras et de l’alcali ne se ferait
tenir ouverts les robinets des filtres, ce qui a pas facilement, et il faudrait un temps trop
pour effet de dessécher le magma de soude, considérable pour opérer l’entière combi
en laissant écouler l’eau. Après quelques naison de l’alcali et des corps gras. Cette
jours, on divise la masse à coups de pelle lenteur tient à la grande différence de densité
ou de pioche, et on obtient ainsi la désa qui existe entre les deux liquides, diffé
grégation des parties de soude qui n’ont été rence qui est encore augmentée par la cha
qu’imparfaitement atteintes par les lessiva leur. L’empâtage a pour but de remédier à
ges antérieurs. cet inconvénient.
La figure 278 (page 417), montre à la fois Cette opération consiste , en effet, à
la salle des barquieux, où se font les lessives, former une émulsion, c’est-à-dire un com
et la salle des bassines, placée au-dessous et mencement de combinaison entre l’huile
où sont conservées ces mêmes lessives, pour et l’alcali, au moyen de lessives, dont la
être bientôt dirigées dans les chaudières. Ce densité ne dépasse pas 11°, et de préparer
dessin a été pris dans une des plus impor ainsi la masse à recevoir l’action de les-
tantes savonneries de Marseille. ■ sives très-fortes qui parachèveront la sapo
Nous donnons ensuite (fig. 279 à 282), nification.
une vue exacte d’un barquieu sur ses faces L’empâtage, le premier degré d’union
latérale, longitudinale, et enfin en plan. La ! des huiles ou des matières grasses avec la
légende qui accompagne cette figure en ex lessive, est l’unè des opérations les plus
plique les différentes parties. Par la dispo importantes de la fabrication. Voici com
sition de chaque barquieu, l’eau, après ment on y procède.
avoir séjourné dans ce réservoir, passe, au Dans de grandes chaudières qui peuvent
moyen d’un robinet II, dans la salle des contenir 12,000 kilogrammes de savon fabri
bassines, qui se trouve au-dessous de la qué, on verse un mélange de trois lessives
salle des barquieux, et va remplir les réser caustiques préparées d’avance dans ce but,
voirs de lessives. et qui marquent, en moyenne, 23°, 12° et
Le degré de densité des lessives, dépend de 15° alcalimétriques,ce qui donne un titre de
la nature des matières grasses ou des huiles 8° à 10°.
qu’on veut saponifier, et du plus ou moins
de consistance qu’on veut donner au savon. Les chaudières des savonneries de Marseille
que nous représentons avec détail dans les
figures 283 et 284, sont construites en ma
EMPATAGE.
çonnerie, et ne diffèrent en rien aujourd’hui,
On ne saurait, dans la pratique, opérer par leur mode de construction, de ce qu’elles
la saponification en mettant d’emblée la étaient du temps de Colbert. Ce sont le rai-
matière grasse en contact avec la solution I sonnement et l’expérience qui ont fait per
de l’alcali caustique. Ce moyen, qui suffit sévérer les fabricants de Marseille dans cet
dans un laboratoire de chimie, ne s’ap ancien mode de construction. La tempéra-