Page 427 - Les merveilles de l'industrie T1
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L’INDUSTRIE DES SAVONS                                423


           «clients résultats. L’ébullition se produit   appareils est toujours assez importante.
           sur tous les points de la chaudière, et ré­  Revenons à Vempâtage, dont la dissertation
           chauffement de la masse est tellement rapide   sur les chaudières nous a un peu éloigné.
           qu’il faut à peine une demi-heure pour       Pour opérer l’empâtage, on commence
           porter à l’ébullition une chaudière contenant   par verser les lessives dans les chaudières,
           5,000 kilogrammes de savon , tandis que le   et on y fait arriver la vapeur. Quand le li­
           •chauffage à feu nu exigerait trois ou quatre '  quide est porté à l’ébullition, on y ajoute
           heures pour amener la même ébullition.     l’huile, dans les proportions suivantes :
              Les figures 283 et 284 (page 421) repré­  50 parties d’huile d’olive et 50 d’huile de
           sentent la coupe et le plan d’une chaudière   sésame ou d’arachide. Une cuite, pour une
           •de Marseille chauffée à la partie inférieure   chaudière, se compose, à Marseille, de la
           par un serpentin de vapeur. Le corps de la   quantité énorme de dix mille kilogrammes
           •chaudière est en maçonnerie, comme toutes   de corps gras, et de treize mille kilogrammes
           les chaudières de Marseille.               de lessives marquant 10° alcalimétriques.
              La légende qui accompagne cette figure    Le mélange ne tarde pas à bouillir. L’é­
           ■donne l’explication de ses différents or­  bullition se manifeste par une masse d’é­
           ganes. On voit comment les lessives s’intro­  cumes, qui diminuent peu à peu. Enfin les
           duisent dans la chaudière, par quel moyen   écumes disparaissent tout à fait, et le liquide
            les huiles y sont amenées, enfin par quel   commence à bouillir régulièrement au
           •orifice arrive dans le serpentin et s’écoule   centre des chaudières.
            la vapeur destinée au chauffage de celte    Voici ce qui se passe dans cette véritable
            énorme masse de liquide.                  opération chimique. La soude caustique qui
              Le chauffage des chaudières par la vapeur   constitue la lessive, en présence de l’huile,
            permet de chauffer avec un seul générateur   décompose cette matière, forme de l’oléate,
            de vapeur et par conséquent avec le même   du stéarate et du margarate de soude, en
            foyer, plusieurs chaudières à la fois, ce qui   termes plus simples, du savon, et il reste
            offre une économie notable de combustible,   dans l’eau, à l’état de dissolution, la glycé­
           de temps et de main-d’œuvre.               rine, qui provient de la décomposition des
              La figure 285 montre la disposition de   corps gras. On laissera perdre avec les eaux
            deux chaudières chauffées par la vapeur.  la glycérine, cette matière étant sans au­
              M. Lormé (1) assure que l’emploi de la   cune valeur commerciale.
            vapeur surchauffée présente des avantages   Le liquide devenu très-pâteux et d’un
            encore plus grands que ceux qu’on obtient   blanc roussâtre, acquiert de la consistance
            par la vapeur ordinaire. Les diverses expé­  à mesure que l’ébullition se prolonge. La
            riences faites par l’auteur, lui ont prouvé   vapeur de ce liquide épais ressemble à la
           qu’avec la vapeur surchauffée, la marche   fumée qui s’échappe de la pipe d’un fumeur.
            des opérations est plus rapide, et qu’on   C’est ce qui fait dire aux ouvriers que la
           •obtient, en outre, une notable économie   chaudière tabague.
            de combustible.                             Ce dernier signe est l’indice que le cuivre
              Il faut pourtant ajouter que le chauffage à   de la chaudière est en contact avec la ma­
            la vapeur ne saurait être employé avec    tière empâtée, et que le métal reçoit l’ac­
            succès que dans les grandes fabriques ,   tion vive du feu. A mesure que la pâte s’é­
            parce que la dépense pour l’installation des  paissit, et que l’eau se vaporise avec plus
                                                      de difficulté, on voit la vapeur aqueuse en­
             (Il Manuel du savonnier, in-12. Chez Roret, Paris, 1810.   traîner des produits empyreumatiques d’une
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