Page 431 - Les merveilles de l'industrie T1
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L’INDUSTRIE DES SAVONS. 427
Nous représentons ici (fig. 287 et 288) les
cornues ou seaux de fer qui servent à verser ÉPINAGE.
dans la chaudière la liqueur salée qui doit
produire le relargage. On appelle épinage l’opération qui con
La figure 290 représente une cornue plus siste à faire écouler à l’extérieur l’eau qui
spécialement consacrée à transporter les remplit la chaudière et que surnage, en
substances solides, comme la soude brute vertu de sa légèreté spécifique, le savon sé
ou les résidus du lessivage de la soude paré par le relargage.
brute. Le savon étant plus léger que l’eau, ce
La figure 287 représente le redable, ou le liquide occupe le fond de la chaudière. Cette
long levier qui sert à produire l’agitation disposition facilite Xépinage ou soutirage.
du liquide de la chaudière dans l’opération D’où vient le mot épinage ? De ce que,
du relargage. La figure 288 est l’espèce de dans les anciennes fabriques de Marseille,
poche, portée par un long manche, qui sert on appelait trou de l'épine et plus simple
à transvaser les liquides savonneux toutes les ment épine, le trou pratiqué au fond de la
fois que cela est nécessaire. chaudière, que l’on débouchait quand il fal
Nous devons ajouter qu’à Marseille dans lait évacuer le liquide de cette chaudière.
les savonneries perfectionnées on a sup Ce terme est demeuré en usage dans les sa
primé cette dernière main-d’œuvre, qui était vonneries de tous les pays.
coûteuse, et on a remplacé le transport dans Llépinage, ou soutirage, se pratique donc
les cornues des liqueurs salées destinées au moyen d’une ouverture qui existe au bas
au relargage, par une disposition méca de la chaudière. On débouche cette ouver
nique. ture, et le liquide s’écoule, laissant le savon
Au-dessus de chaque chaudière et à son dans la chaudière.
centre, est placée une sorte de pomme d’ar Pour que toute la masse solide soit bien
rosoir criblée de trous, qui communique avec séparée, il faut qu’on fasse évacuer de la chau
un tuyau, dans lequel une pompe, mise en dière, une quantité de liquide double de celle
mouvement quand cela est nécessaire, jette qu’on xient d’y verser pour le relargage.
la lessive de relargage. Cette lessive tombe
ainsi par beaucoup de points à la fois à la Nous consacrons les quatre figures 291,
surface du liquide. L’ouvrier n’a plus qu’à ' 292, 293 et 294, à représenter les détails de
agiter la masse avec son redable. C’est là l’opération de Xépinage. Les figures 291 et
une simplification du travail et une éco 295 représentent l’élévation et la coupe du
bassin, appelé épine, qui reçoit les eaux ar
rivant de la chaudière. La figure 292 repré
nomie de main-d’œuvre.
Quand le liquide savonneux a été pé sente le plan du même bassin, et la figure
nétré dans toutes ses parties par la liqueur 294 le plan général des dispositions des ap
saline, le savon se sépare du liquide, la pareils.
masse s’ouvre, et, laissant exsuder l’excès Il faut savoir, en effet, qu’une partie des
d’eau, se transforme en grumeaux. Alors, eaux d'épinage est rejetée comme inutile,
on arrête le feu, on laisse reposer le tout et qu’une autre partie, qui renferme encore
pendant deux ou trois heures, et dès que la du carbonate de soude non combiné, est con
liqueur qui surnage est devenue transpa servée, pour servir à remplacer l’eau pure
rente, on procède au soutirage de la partie dans la préparation des lessives de soude.
liquide, c’est-à-dire à Xépinage. Le tuyau B amène les eaux qui s’écoulent