Page 17 - Bouvet Jacques
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prince de Genève, résidant à Annecy. Sa promo-
tion à la prêtrise est du 29 mai 1779.
Le voilà, avec ses vingt-sept ans et demi, plein
de santé, de science, de vertu et de zèle : il est à la
disposition de ses supérieurs ecclésiastiques ; il
peut briller, du moins réussir dans toutes les
carrières ouvertes au clergé; mais toutes les po-
sitions sont occupées : les rangs sont au complet.
Quoique le docteur Bouvet n'eût qu'un nom rotu-
rier, Mgr Biord, qui n'appartenait pas lui-même à
la noblesse et qui savait apprécier et utiliser le
mérite partout où il le rencontrait, n'attendait
qu'une occasion favorable pour le placer avanta-
geusement.
Mais, à bien des égards, le régime ecclésiastique
d'alors différait de celui d'aujourd'hui : bon
nombre de postes bénéficiaires n'étaient remplis
que sur présentation des patrons, nobles laïques
ou Ordres religieux, qui avaient droit de nomina-
tion, moyennant l'agrément de l'Ordinaire ; or,
ces postes étaient le plus souvent dévolus sur des
titres de naissance ou par des protections, avan-
tages qui manquaient à M. Bouvet. D'autres bé-
néfices, de nomination épiscopale, étaient donnés
par la voie du concours, et les bénéficiers, une
fois saisis et institués, étaient inamovibles. Si
l'on ajoute, d'un côté, qu'un certain nombre de
Collégiales, d'Abbayes, de Chapitres, de couvents
desservaient aussi, par quelques-uns de leurs
membres, des postes assez nombreux qui rele-
vaient d'eux; d'un autre côté, qu'une longue
paix, jointe aux divers privilèges dont le clergé