Page 14 - Bouvet Jacques
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Avec l'air vivifiant qu'il y respirait et les exer-
cices champêtres auxquels il se livrait, son tem-
pérament s'était singulièrement ·fortifié, sans que
rien eût jamais efîleuré la candide innocence de
son cœur.
Après avoir terminé au Biot ses études de gram-
maire latine, il descendit à Thonon pour suivre
les cours de belles-lettres, de philosophie et de
théologie dogmatique dans le collège de Thonon,
dirigé par les révérends Pères Barnabites.
Ce serait une erreur de croire que nos collèges,
avant la Ré·volution, ne fussent que d'obscures
béoties, uniquement favorable$ au maintien de
l'ignorance. Les programmes des matières étaient
sans doute moins étendus et moins variés que de
nos jours; on se répandait moins en superficie
et en formules, mais les vraies sciences (nous ne
dis!]nS pas les sciences physiques, qui ne reposent
que sur l'observation et l'expérience), les sciences
métaphysiques, qui seules méritent le nom de
sciences dans sa plus noble acception, la logique,
l'ontologie, la psychologie, la théologie, étaient
plus répandues et mieux cultivées qu'aujourd'hui.
Les études auxquelles on se livrait dans le col-
lège de Thonon avaient toute l'ampleur et la soli-
dité qu'elles comportaient. « Le collège des Bar-
<< nabites, dit M. Vittoz dans son intéressant
« Apostolat de saint Francois de Sales à Thonon,
« organisé par saint François de Sales lui-même,
« en 1616, fut peut-être, jusqu'à la Révolution
« de 93, le collège le plus brillant de la Savoie;
<c l'on y enseignait la théologie, la philosophie,