Page 10 - Bouvet Jacques
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tunité ou de convenance, nous supprimerons des
noms propres ; mais nous n'entendons point nous
faire une loi inflexible d'un pareil silence. Il est
des noms qui se sont d'eux-mêmes livrés, sinon à
l'histoire, du moins à la publicité. A eux de porter
devant le public le poids de leurs œuvres. Dieu
nous garde d'abuser du droit d'appeler les per-
sonnes et les choses par leurs noms ! Mais il est
bon que le jugement de la postérité sur les actes
des morts serve de frein ou de stimulant aux vi-
vants. Cependant, les noms que nous aimerons
surtout à reproduire, ce sont ceux des personnes
qui auront bien mérité de M. Bouvet ou de la
cause dont il était le champion.
Peut-être nous étendrons-nous un ~u dans
l'exposé de certaines situations, dès qu'il sera
amené ou justifié par le sujet. Si le peintre et le
poète, au dire d'Horace, ont le droit de tout oser
en matière de fictions, comment refusera-t-on cette
liberté à l'historien et au biographe, quand il
s'agira de la vérité ? Si l'on a vu de nos jours des
écrivains de renom, les Bresciani, les Wiseman,,
les A. Lamothe, les P. Féval, dans le but de don-
ner de l'intérêt et du charme à leurs études his-
toriques, à leurs peintures de mœurs, dramatiser
leur récit, inventer des personnages, créer ou du
1 , moins exploiter le roman historique, comment nous
•l contesterait-on le•droit de profiter de notre héros~
personnage réel, pour nous livrer à certaines ap-
préciations sur le milieu où il parut, sur les cir-
constances diverses qui le touchent de près ou de
loin?