Page 66 - Album_des_jeunes_1960
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                                            w CAVELIER DE LA SALLE


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                                             gentilhomme explorateur


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                                                                 groupe de missionnaires et de coureurs des bois,
                                                                 avec mission de s’installer solidement entre les
                      l’age de vingt-trois ans, Robert Cavelier,   Anglais et les Espagnols. L’expédition rencontra
                      sieur de La Salle, vit pour la première    en chemin Louis Joliet, qui revenait d’une région
                      fois surgir des flots écumeux de l’Atlan­  encore inexplorée et avait dressé la première carte
              tique les côtes sauvages de la Nouvelle-France,    des Grands Lacs.
              l’actuel dominion du Canada.                          Du coup la petite troupe se sépara en deux :
                A défaut d’argent, ses parents lui avaient légué   les missionnaires, enflammés de zèle, décidèrent
              une distinction naturelle, des manières séduisantes   de se diriger vers les régions connues du
              et une belle santé qui constituaient alors, avec son   Mackinac : La Salle, lui, partit vers le sud,
              épée, tout son capital. Mais avec cette épée il    s’enfonçant dans les immenses forêts de la région
              allait être le premier à traverser d’un bout à l’autre   qu’on appelle aujourd’hui l’Ohio. Son objectif
              les forêts du Nouveau Monde, deux siècles avant    était d’atteindre le Mississippi, le légendaire Père
              que les ancêtres de l’Amérique actuelle viennent   des Eaux.
              y tailler à coups de hache le berceau d’une nou­      Pendant deux ans, il marcha à l’aventure, sans
              velle nation.                                      savoir exactement où il était ; sans doute dans les
                                                                 savanes de l’Illinois, si l’on en juge d’après ses
              En 1670, la France avait pris pied sur le conti­   descriptions.
              nent nord-américain. Ses missionnaires et ses trap­
              peurs s’enfonçaient vers l’ouest et vers le sud le   A son retour, La Salle confia au nouveau gouver­
              long des Grands Lacs. Mais, pour consolider son    neur du Canada, Frontenac, ce qu’il avait vu au
              empire du Nouveau Monde, il lui fallait des explo­  cœur du continent : des forêts si vastes qu’elles
              rateurs qui fussent aussi des soldats capables de   permettraient de reconstruire la totalité des villes
              construire des forts, car les Anglais et les Espa­  et des flottes d’Europe ; d’innombrables animaux
              gnols rêvaient eux aussi de conquêtes.             à fourrure ; des terres grasses et riches ; des tribus
                Courcelle, alors gouverneur de Québec, dépê­     d’indiens belliqueux ; et quelque part là-bas, par-
              cha donc le jeune La Salle, accompagné d’un        delà l’horizon de la prairie, un fleuve puissant
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