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            cap au sud. Ce fut pour suivre un vol d’oiseaux.   tinrent toutes leurs promesses et demandèrent à
            Il pensait que ces oiseaux regagnaient la terre et   l’amiral de préparer une nouvelle expédition.
            l’y conduiraient tout droit. Il avait raison.
              Jamais un équipage n’avait navigué si long­      C> olomb entreprit ce second voyage en 1495.
            temps hors de vue des côtes. Les hommes prirent    Cinq ans plus tard, lors de son troisième voyage,
            peur. Colomb les réunit et leur déclara :          il vit pour la première fois l’Amérique du Sud.
              — Si, dans dix jours, nous n’avons pas touché      En 1500, un magistrat envoyé de Madrid à
            terre, je vous promets de virer de bord.           Hispaniola, déclara Colomb coupable d’avoir mal­
              Pas un instant, il ne craignit d’être obligé de   traité ses hommes et le ramena en Espagne chargé
            tenir sa promesse. La terre était proche et il le   de fers. Lorsqu’elle l’apprit, la reine s’indigna et
            savait. Il se fiait à deux indices : le vol d’oiseaux   le mit en liberté sur-le-champ. Toutefois, quand
            et les branches qui flottaient à la surface de la   l’explorateur réclama les 10 % qui lui avaient été
            mer.                                               promis sur les trésors de l’expédition, les souve­
              Le 12 octobre 1492, la flotte jeta l’ancre devant   rains firent la sourde oreille. Le Nouveau Monde
            une île de l’archipel des Bahamas que Christophe   produisait toujours plus de richesses et si l’on avait
            Colomb baptisa San Salvador. Lorsqu’il descendit   payé son dû au Génois, il se serait trouvé à la
            à terre, il s’agenouilla, rendit grâces à Dieu, puis   tête d’une fortune fabuleuse.
            il prit possession de l’île au nom du roi Ferdi­     En 1502, on lui confia enfin quatre vaisseaux
            nand et de la reine Isabelle.                      et il entreprit son quatrième et dernier voyage.
              Chaque arbre, chaque plante que découvraient       Dans son désir de trouver un passage vers
            les Espagnols leur semblait étrange. Les indigènes   l’océan Pacifique, Colomb manqua de près deux
            se montraient confiants mais ils parlaient une     choses qui lui auraient valu les faveurs du roi :
            langue que personne ne comprenait et leur race     les pêcheries de perles sur la côte du Honduras
            ne ressemblait à aucune de-celles que l’on pou­    et une des mines d’or les plus riches du monde.
            vait reconnaître dans les récits des voyageurs.    De plus, l’équipage se mutina et l’amiral faillit
                                                               être tué. Perclus de rhumatismes, ses voiliers
            De San Salvador, Colomb fit route vers le Sud
                                                               avariés sans réparation possible, il dut débarquer
            et découvrit d’autres îles, dont Cuba. Finalement,   à la Jamaïque et y attendre qu’une expédition de
            il débarqua dans la grande île d’Hispaniola, où    secours le ramène en Espagne.
            se trouvent aujourd’hui réunis Haïti et la Répu­     Si Christophe Colomb avait pris sa retraite
            blique de Saint-Domingue. Ce fut là que ses        après son premier voyage, il aurait pu terminer
            hommes commencèrent à maltraiter les indigènes.    paisiblement sa vie, riche et couvert de gloire.
            Là aussi, la Santa Maria subit des avaries irrépa­  Mais il n’était pas de la race des hommes qui
            rables et l’on ne put la remettre à flot.          prennent leur retraite.
              L’amiral décida de laisser sur place une petite    Ce qui est curieux, c’est que, jusqu’à sa mort,
            colonie de 40 hommes, sur la côte nord de l’île,   il resta persuadé qu’il avait abordé sur la côte des
            dans un territoire qu’il baptisa Isabelle. Il ne   Indes. Il s’obstinait à croire que le palais du grand
            devait jamais revoir ces colons. On suppose qu’ils   Khan de Cathay (la Chine) se trouvait quelque
            furent massacrés par les indigènes.                part aux environs de Costa-Rica.
              Colomb remonta ensuite vers le nord jusqu’à        Cela s’explique si l’on pense que son rêve n’avait
            ce que ses vaisseaux se trouvent dans la zone des   pas été la fortune mais la découverte du chemin
            vents d’ouest, qui le ramenèrent en Espagne        qui conduirait par mer au pays merveilleux que
            après un long voyage.                              Marco Polo avait décrit.
              Le récit de l’expédition souleva un grand          Voilà l’histoire de l’homme qui mit l’Espagne
            enthousiasme. On organisa des parades dans les     en possession d’un territoire immense, plus grand
            rues des villes espagnoles. Les explorateurs y     que tout ce que ses monarques avaient jamais
            défilaient avec leur or, leurs perroquets et leurs   imaginé, de l’homme qui força l’Europe à tourner
            Indiens.                                           ses regards et sa pensée vers l’ouest.
              Lorsque Colomb se présenta, genou en terre,         Christophe Colomb mourut à l’âge de cin­
            devant le roi Ferdinand et la reine Isabelle, ceux-   quante-cinq ans, pauvre et abandonné de tous.
            ci le prièrent de s’asseoir à leurs côtés. Ce fut le   Mais le monde se souviendra toujours de cet
            moment le plus heureux de sa vie. Les souverains   homme héroïque.
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