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              ouvrières et se livrent aux mêmes travaux, se rencon­
              trent plus souvent dans les races de Chypre, de Syrie
              et d’Algérie.
                La mère d’une ruchée ne tient point, comme on le
              croyait autrefois, le sceptre du gouvernement. La ru­
              chée est une république féminine dont chaque membre
              travaille au bien commun, selon son âge, avec une
              activité et une abnégation admirables, sans qu’aucune
              autorité ne se fasse sentir. Les mâles n’y sont admis
              que pour un temps et sont même sacrifiés ayant leur
              heure au moindre signe de disette. Quant à la mère,
              elle est certainement l’objet d’attentions et de soins,
              car sa vie est plus précieuse que toutes les au très ; elle
              est bien l’être indispensable sans lequel la famille ne
              peut subsister : son absence amène l’inqinétude, le
              désespoir, et finalement la démoralisation des ouvriè­
              res si elle disparaît à une époque où elle ne peut être
              remplacée. Mais elle n’est qu’une citoyenne comme les
              autres. Elle pond nuit et jour, c’est sa part du labeur
              de la maternité, tandis que les ouvrières en remplis­
              sent tous les autres devoirs ; ce sont ces dernières qui
              nourrissent le couvain et le réchauffent, de même
              qu’elles construisent les rayons, pourvoient à tous les
             besoins de la ruchée, la défendent au prix de leur
             vie et amassent des provisions en vue des mauvais
             jours.
               La reine pond en raison de la nourriture qu’elle
              reçoit des ouvrières et dans les cellules que celles-ci
             mettent à sa disposition ; ce sont donc les ouvrières
              qui règlent la ponte et elles le font en raison des pro­
              visions disponibles, de la force de la population et des
             circonstances extérieures. Si les provisions manquent
             et qu’il n’y ait rien à espérer au dehors, la ponte se
             restreint ou s’arrête ; et même dans les cas de grande
             disette subite (les abeilles pas plus que l’api culteur ne
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