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e l'ALSACE













              le dessein de battre en retraite hâtivement   intactes entre nos mains ; aussi les habitants   objectif que possible les événements qui se
               pour échapper à son destin par la fuite. Loin   ont-ils pu dire qu’ils avaient été délivrés « à   sont déroulés depuis le 15 novembre, jour du
               de reculer, l’adversaire, rassemblant toutes,   la Française ».           départ de l’offensive de la 7e armée améri­
               ses forces, riposta aussi par une manœuvre   II. LA PERCÉE VICTORIEUSE    caine jusqu’au 23 novembre marqué par la
               décisive.                                        VERS STRASBOURG. (1)      hute de Strasbourg,
                Les Allemands envoyèrent des renforts et                                  L’idée initiale était la suivante :
              en particulier la 198e division d’infanterie   Voici maintenant, dans un raccourci aussi  Deux divisions américaines, la 79e au sud
                                                                                         de la Venouze et la 44e au nord devaient atta­
                                                     (1) Extrait d’une conférence faite par ’p colonel dç
              qui est venue appuyer les 153e et 338e divi­  L... le 28 novembre 1944,    quer le 15 novembre en direction générale de
               sions, dûrement éprouvées. Le 21 novembre,
               fonçant droit vers le sud, dans le secteur
              ouest de Mulhouse, à. l’endroit où les commu­
              nications de notre aile droite étaient les plus
              vulnérables, l’ennemi lance de violentes atta­
              ques de chars contre l’étroit goulot qui relie
              les arrières de l’Armée française aux troupes
               arrivées sur le Rhin. Pendant plusieurs jours,
              se livra aussi sur la frontière suisse une rude
              bataille dans les bois et les étangs.
                Mais cette menace prévue n’intimida pas
              notre manœuvre et le général commandant
              la première armée riposta en donnant l’ordre
              au général de Montsabert, commandant le
               deuxième corps d’armée, de marcher hardi­
              ment vers l’ouest.
                Disposant de forces réduites, aux prises
               avec les plus rudes difficultés de terrain et
               sous la pluie battante, en face d’un adver­
               saire qui résistait pied à pied, ce corps d’ar­
               mée abordait la ligne des cols des Vosges.
                En dépit d’une fatigue extrême, il fran­
              chissait la partie sud de la crête et descen­
               dant le Ballon d’Alsace pénétrait dans les
               hautes vallées alsaciennes. Le 23, il atta­
               quait Sewen. Le 24, nos troupes étaient à
               Rougemont, débordant Belfort par le nord.
                En même temps, de l’est, le général com-
               landant l’armée jetait nos forces de Mul-
               louse, face à l’ouest, à la rencontre du deu­
               xième corps d’armée.
                Menacé par les deux branches de la te­
              naille, ayant échoué dans sa tentative auda­
              cieuse vers le sud, l’ennemi entama un mouve­
               ment de repli : le 25, il évacuait les derniers
               forts de Belfort. Trop tard pour échapper à
              notre étreinte.
                Vigoureusement lancé en avant, brisant •   Première prise d'armes place Kléber. Le Général Leclerc pendant l'exécution de la Marseillaise.
              les obstacles qui s’opposaient à sa marche,                                    Photos Service Cinématographique de l’Armée.
              le 2e corps d’armée pénétrait à Masevaux le
              26 novembre, et débouchant' de Rougemont
               dans la plaine, accentuait sa poussée vers
              l’Alsace, tandis que nos forces blindées, ve­
              nant dç l’est et formant bloc, écrasaient l’un
               après l’autre, de village en village et de fo­
               rêt en forêt, les résistances erfnemies.
                Cependant, luttant avec rage et désespoir,
              les Allemands tentaient jusqu’au bout d’en­
               rayer notre marche. Vains efforts.
                Le 28 novembre, à 4 heures de l’après-midi,
               le premier et le deuxième corps d’armée réa­
               lisaient leur jonction sur le plateau de Burn-
               haupt. Ainsi se fermait le cercle de fer :
               les dernières forces allemandes étaient dé­
               truites.
                15.000 prisonniers, plus de 100 chars dé­
               truits et un énorme butin, tels sont les résul­
               tats de cette bataille où l’artillerie a en outre
               détruit des bataillons entiers. A part la tête
               de pont de Huningue, la résistance allemande
               en Haute-Alsace s’est effondrée et le général
               de Lattre pouvait adresser au Gouvernement
               français le télégramme suivant :
                « Suis heureux pouvoir vous annoncer suc­
               cès complet obtenu aujourd’hui. Notre ma­
               nœuvre d’encerclement par jonction des deux
               corps de la première Armée française, région
               Soppe-Burnhaupt. ,L’ ennemi s’est défendu
               désespérément pour conserver sortie de la
               poche de Sundgau. Le terrain de la lutte
               est jonché de cadavres allemands ».
                En même temps qu’elle se proposait la
               destruction des forces ennemies, la bataille
               était conduite avt? le souci d’épargner les
               vies et les biens üe la population civile. Ce
               but a été atteint grâce à la rapidité des opé­
               rations, la plupart des localités sont tombées   Les chars partent en opérations de nettoyage dans les villages d'alentour
                                                                                                                         5
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