Page 7 - aux armes_4
P. 7
e l'ALSACE
le dessein de battre en retraite hâtivement intactes entre nos mains ; aussi les habitants objectif que possible les événements qui se
pour échapper à son destin par la fuite. Loin ont-ils pu dire qu’ils avaient été délivrés « à sont déroulés depuis le 15 novembre, jour du
de reculer, l’adversaire, rassemblant toutes, la Française ». départ de l’offensive de la 7e armée améri
ses forces, riposta aussi par une manœuvre II. LA PERCÉE VICTORIEUSE caine jusqu’au 23 novembre marqué par la
décisive. VERS STRASBOURG. (1) hute de Strasbourg,
Les Allemands envoyèrent des renforts et L’idée initiale était la suivante :
en particulier la 198e division d’infanterie Voici maintenant, dans un raccourci aussi Deux divisions américaines, la 79e au sud
de la Venouze et la 44e au nord devaient atta
(1) Extrait d’une conférence faite par ’p colonel dç
qui est venue appuyer les 153e et 338e divi L... le 28 novembre 1944, quer le 15 novembre en direction générale de
sions, dûrement éprouvées. Le 21 novembre,
fonçant droit vers le sud, dans le secteur
ouest de Mulhouse, à. l’endroit où les commu
nications de notre aile droite étaient les plus
vulnérables, l’ennemi lance de violentes atta
ques de chars contre l’étroit goulot qui relie
les arrières de l’Armée française aux troupes
arrivées sur le Rhin. Pendant plusieurs jours,
se livra aussi sur la frontière suisse une rude
bataille dans les bois et les étangs.
Mais cette menace prévue n’intimida pas
notre manœuvre et le général commandant
la première armée riposta en donnant l’ordre
au général de Montsabert, commandant le
deuxième corps d’armée, de marcher hardi
ment vers l’ouest.
Disposant de forces réduites, aux prises
avec les plus rudes difficultés de terrain et
sous la pluie battante, en face d’un adver
saire qui résistait pied à pied, ce corps d’ar
mée abordait la ligne des cols des Vosges.
En dépit d’une fatigue extrême, il fran
chissait la partie sud de la crête et descen
dant le Ballon d’Alsace pénétrait dans les
hautes vallées alsaciennes. Le 23, il atta
quait Sewen. Le 24, nos troupes étaient à
Rougemont, débordant Belfort par le nord.
En même temps, de l’est, le général com-
landant l’armée jetait nos forces de Mul-
louse, face à l’ouest, à la rencontre du deu
xième corps d’armée.
Menacé par les deux branches de la te
naille, ayant échoué dans sa tentative auda
cieuse vers le sud, l’ennemi entama un mouve
ment de repli : le 25, il évacuait les derniers
forts de Belfort. Trop tard pour échapper à
notre étreinte.
Vigoureusement lancé en avant, brisant • Première prise d'armes place Kléber. Le Général Leclerc pendant l'exécution de la Marseillaise.
les obstacles qui s’opposaient à sa marche, Photos Service Cinématographique de l’Armée.
le 2e corps d’armée pénétrait à Masevaux le
26 novembre, et débouchant' de Rougemont
dans la plaine, accentuait sa poussée vers
l’Alsace, tandis que nos forces blindées, ve
nant dç l’est et formant bloc, écrasaient l’un
après l’autre, de village en village et de fo
rêt en forêt, les résistances erfnemies.
Cependant, luttant avec rage et désespoir,
les Allemands tentaient jusqu’au bout d’en
rayer notre marche. Vains efforts.
Le 28 novembre, à 4 heures de l’après-midi,
le premier et le deuxième corps d’armée réa
lisaient leur jonction sur le plateau de Burn-
haupt. Ainsi se fermait le cercle de fer :
les dernières forces allemandes étaient dé
truites.
15.000 prisonniers, plus de 100 chars dé
truits et un énorme butin, tels sont les résul
tats de cette bataille où l’artillerie a en outre
détruit des bataillons entiers. A part la tête
de pont de Huningue, la résistance allemande
en Haute-Alsace s’est effondrée et le général
de Lattre pouvait adresser au Gouvernement
français le télégramme suivant :
« Suis heureux pouvoir vous annoncer suc
cès complet obtenu aujourd’hui. Notre ma
nœuvre d’encerclement par jonction des deux
corps de la première Armée française, région
Soppe-Burnhaupt. ,L’ ennemi s’est défendu
désespérément pour conserver sortie de la
poche de Sundgau. Le terrain de la lutte
est jonché de cadavres allemands ».
En même temps qu’elle se proposait la
destruction des forces ennemies, la bataille
était conduite avt? le souci d’épargner les
vies et les biens üe la population civile. Ce
but a été atteint grâce à la rapidité des opé
rations, la plupart des localités sont tombées Les chars partent en opérations de nettoyage dans les villages d'alentour
5