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e 23 NOVEMBRE 1944 le Général LECLERC Depuis de longues semaines déjà les préparatifs
L à la tête de ses blindés fait son entrée triom­ sont amorcés. La fièvre gagne parents et enfants. Tout
ce qui ne touche de près ou de loin le grand jour ou
phale dans la Capitale de F ALS ACE et ses
hommes hissent le drapeau bleu - blanc - rouge plus exactement la grande nuit, est relégué au second
à la Croix de Lorraine sur la tour de la Cathédrale de plan.
STRASBOURG. Les enfants ne cachent qu’avec peine leur impa­
L’ALSACE à son tour est libérée ! tience. Devant les vitrines des magasins garnies de
L’une des plus belles et des plus riches provinces jouets, des projets s’échafaudent, des souhaits se for­
de la France, après plus de quatre années d'une dou­ mulent, des espoirs se fondent. Quelques tentatives de
loureuse séparation, revient à la Mère-Patrie : la Patrie percer le grand mystère du salon fermé à clé depuis
française, la Seule, notre Patrie. quelques jours, demeurent infructueuses.
Cette libération survient à peine quelques semaines Les parents s’affairent comme tous les parents de
avant NOËL, la plus belle et la plus grande fête de F Univers, mais leur plus grand soin ils l’apportent au
l’année, NOËL qui revêt chez nous un caractère plus choix de F Arbre de Noël, ce traditionnel sapin sans la
solennel et plus mystique que dans toute autre pro­ présence duquel nous autres Alsaciens ne pouvons pas
vince de la France. même concevoir une veillée de Noël-
Nous essayerons de faire revivre ici l’atmosphère Ce ne sera pas un de ces sapins anémiques sortis
de ce mois de décembre, de préparatifs fiévreux, riche des pépinières de la plaine ; ce sera un fier et sauvage
en joies, en espoirs, couronné par la « Douce et Sainte sapin des Vosges, droit, au tronc élancé, terminé par
Nuit », apothéose d’une année de labeur, consécration une pointe fine, aux branches d’un vert plein d’espé­
idéale de la Famille. rance garnies de fines aiguilles, dégageant une odeur

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