Page 128 - Terre Moderne
P. 128
Dans le premier cas, il n'est pas douteux quïl
va pouvoir accorder dans la s.ole réservée à l'avoine, c'est-
à-dire la dernière de l'assolement triennal, une place
supplémentaire aux autres céréales secondaires. Chacun
sait qu'en France, les importations des céréales secon-
daires (orge et maïs) étaient très importantes et repré-
sentaient bon an mal an, environ 15.000.000 de quintaux.
La culture de l'orge bien que déjà grande dans le Bassin
parisien, la Champagne, la Beauce et le Centre, peut
encore s'étendre sans crainte de crise de surproduction.
Sur le plan général, elle constituera un apport
énorme d'aliment de qualité pour le bétail, et surtout
pour celui destiné à l'engraissement : tels les porcs. Le
développement de cette culture lève une lourde hypo-
thèque constituée par un achat de produits alimentaires
en provenance de pays à monnaie forte. Mais il ne faudrait
pas croire que l'orge est la seule céréale qui puisse se
substituer à l'avoine. Dans le Sud-Ouest, le maïs assurera
le remplacement, tout au moins en partie. Partout ailleurs,
on pourra faire des oléagineux (navette de printemps ou
moutarde) dont la culture reste très rémunératrice pour
l'agriculteur.
Il est bien entendu que ces indications ne sauraient
avoir un caractère limitatif. Il n'est point exclu que même
quand il n'a pas de bétail, l'exploitant ne profite des
superficies qui sont ainsi libérées pour faire des prairies
de fauche, ou même des cultures fourragères à base de
prairies artificielles (trèfle, sainfoin et surtout luzerne).
Mais les exploitations mixtes, à vocation à la fois
animale et végétale, sont extrêmement nombreuses en
France, surtout dans les régions de petite et moyenne
culture.
Dans ces exploitations, la motorisation va avoir des
conséquences beaucoup plus intéressantes, pour l'éco-
nomie générale du pays.
En effet, les modifications dans l'alimentation
humaine sont beaucoup plus rapides et beaucoup plus
importantes qu'on pourrait le penser, et le propre de
tout progrès dans « le standard de vie >> des populations de
race blanche aboutit à une augmentation considérable
de la consommation d'aliments protéiques essentielle-
ment constitués par la viande et les produits laitiers (lait
en nature, beurre et fromages).
125