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pas,  n'avouait  rien.  Tous  nous  nous  découvrons  bien  has  de-
            vant la  mémoire de  René  Naudin qui  fut  torturé et déporté  en
            Allemagne  d'où  il  n'est  jamais  revenu ...  »
               Le  1 °'  octobre  est  une  date  importante  dans  l'histoire  de
            notre  Mouvement  F.T.P.:  un  train  allemand  fut  en  effet  atta-
            qué  par  la  7e  et  la  1"  compagnie,  alors  qu'il  traversait  les
            bois  d' Allinges,  et  cette  brillante  action  mérite  qu'on  s'y
           arrête  un  peu.
               Depuis  quelque  temps,  les  Allemands  ef.fectuaient  des
            mouvements  de  troupes.  Un  jour,  nous  eûmes  connaissance
           de  leur  tableau  de  marche:  le  train  devait  partir  à  7  heures
           de  Thonon  en  direction  d'Annemasse.  A  peine  roulait-il  de-
           puis  10  minutes  que,  à  quelques  kilomètres  en  deçà  d' Allin-
           ges-Mésinges,  sur  un  terrain  favorable,  nos  F.T.P.  ouvrent
           le  feu.  Un  F.M.  s'enraye  et  ne  joint  pas  sa  note  au  concert
           assourdissant des  autres armes,  mais les  boches  n'en sont  pas
           moins  mitraillés  à  bout  portant  et  tombent  morts  ou  griève-
           ment  blessés.  Le  train  cependant,  conduit  par  un  mécanicien
           patriote,  continue  sa  route  pendant  500  mètres,  écartant
           ainsi  de  nos  hommes  le  danger  d'une  réaction  offensive  de
           la  part  d'un  ennemi  largement  supérieur  en  nombre.
               Ivres  de  rage,  les  nazis  prennent  leurs  dispositions  de
           combat  et,  en  éventail,  s'élancent  dans  la  campagne,  vers  le
           Léman.  Ils  repoussent vers  le  train  toutes  les  personnes qu'ils
           rencontrent  et  fouillent  de  fond  en  comble  les  maisons  de  la
           gare  d' Allinges-Mésinges.  Les  habitants  ainsi  que  de  nom-
           breux  paysans  arrachés  à  leurs  travaux,  sont  embarqués  de
           force  dans  le  convoi  dont  un  wagon  n'est  plus  qu'une  pas-
           soire.  Le  train  peut  poursuivre  sa  route  sur  Annemasse.  Nos
           boches  « les  soldats  les  plus  courageux  du  monde »,  se  ca-
           chent  derrière  des  poitrines  françaises.  Bien  leur  en  prit  du
           reste,  car,  en  aval  de  Mésinges  un  autre  groupe  F.T.P.  atten-
           dait  leur  passage.
              Au  total,  cette  opération  coûte  à  l'ennemi  7  morts  et  de
           très  nombreux  blessés.  De  notre  côté,  aucune  perte,  aucune
           hlessure,  même  légère.
              Le  12  octobre,  le  détachement  F.T.P.  de  St-Jeoire  (pre-
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