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DERNIERE  LETTRE
                        DU  SOUS-LIEUTENANT  JEAN  GUILLOSET
                   FUSILLE  LE  8  FEVRIER  1944  A SEVRIER


                  Chère  Maman,  Chère  Grand'mère,
                  Chers  Frères  et  Sœurs,

               C'est  d'une  main  ferme  et  le  cœur  bien  solide  que  je  vous
            écris.  De  la  peur,  aucune,  juste  de  la  tristesse  de  partir  sans
            pouvoir  vous  embrasser.  Oui,  car  voilà  dix  minutes  que  je
            viens  d'apprendre  que  je  vais  être  fusillé.  Pourquoi?  Pour
           avoir  été  trop  Français.
               Je  vous dis adieu. Ne pleurez pas inutilement. Que Jacques
           et  Bernard  soient  bien  sages.  Qu'ils  se  conduisent  en  bons
           Français.  Moi,  j'ai  payé  de  ma  vie,  j'ai  payé la  part  de  toute
           la  famille  à  la  France.  Je  pense  que  dans  quelque  temps,
           vous  serez  tous  heureux.
               Et  toi,  chère  maman  chérie,  du  courage.  Tu  sais  il  m'en
           faut.  Mais  toi,  sois  raisonnable.  Pardonne-moi  si  je  t'ai  fait
           de  la  peine.  Pense  à  moi  mais  sans  révolte,  sois  fière.
               Tu  sais,  petite  maman,  je  t'aime  beaucoup.  Mon  plus
           grand  désir  serait  de  me  sentir  serré  dans  tes  bras  comme
           quand  j'étais  petit,  mais  enfin,  n'en  parlons  pllls,  c'était  mon
           destin.
              Je  vous  quitte  tous,  petite  maman,  chère  grand'mère,
           Odette,  Malou,  Bernard  et  Jacques,  en  vous  serrant  bien  fort
           contre  mon  cœur  et  en  vous  embrassant  bien  affectueuse-
           ment.  Dans  deux  heures  je  ne  serai  plus,  mais  je  serai  mort
           en  bon  Français.
              Un  qui  vous  aime,
                                                    JEAN





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