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nistère  de  la  Ouerre,  se  développa  une  offensive  visant à  bri-
           ser  cet  embryon  d' Armée  Nouvelle,  née  dans  la  lutte  contre
           l'envahisseur,  et  à  sauver  l'essentiel  de  I' Armée  de  la  défaite
           de  1939-1940.
              On  alla  jusqu'à offrir  de  l'argent  aux  volontaires  pour  se
           faire  démobiliser,  et  on  tenta  par  tous  les  moyens  de  décou-
           rager  les  cadres,  soit  au  cours  de  stages,  soit  par  des  me-
           sures  vexatoires.  Résultat  d'ensemble,  il  ne  reste  plus  guère
           que  2.000  F.F.I.  sur  les  35.000  officiers  que  compte  I' Armée.
           L'amalgame,  gloire  des  armées  de  la  Convention,  a  été  tor-
           pillé,  et,  sauf  exception,  les  officiers  de  Vichy  réintégrés  ont
           remplacé  les  Maquisards.
              Mais  les  leçons de  notre  action  restent  valables.  La  guerre
           de  guérilla  a  conduit  à  l'insurrection  nationale  libératrice
           qui  a  consacré  la  justesse de  notre  politique.  Oui,  nous  avons
           eu  raison  d'appeler  les  Français  à  la  lutte,  raison  de  lutter
           contre  l'attentisme  sous  toutes  ses  formes,  raison  surtout
           d'avoir  fait  confiance  au  peuple.  Rien  de  grand  ne  peut  se
           faire  en  dehors  du  peuple.  Sans  lui,  sans  le  soutien  de  l'im-
           mense  majorité  de  la  population,  aucune  résistance  n'aurait
           été  possible.  Toutes  les  tentatives  faites  pour  atteindre  des
           objectifs  militaires  à  l'aide  de  formations  militaires  sans
           s'appuyer  sur  les  masses  ont  tourné  au  désastre,  comme  les
           maquis  des  Glières,  du  Vercors  ou  de  Saint-Marcel.
              Au  contraire,  les  actions de masse,  la  grève  des  cent  mille
           mineurs,  la  grève  générale de  Marseille  ou  de  Paris,  celle  des
           cheminots,  appuyée  militairement  par  les  F.T.P.  ont  fait
           reculer  l'occupant  et  ouvert  de  nouvelle~  perspectives.
              Les  cadres  F.F.I.  sortis  du  peuple  ont  incarné  l'esprit  de
           la  Nation  toute  entière.  Ceux  qui,  aujourd'hui,  les  chassent
           de  l'armée  et combattent  )'Armée  Nationale,  incarnent  l'esprit
           de  Munich  et  sont  les  héritiers  de  cette  politique  de  méfiance
           du  peuple,  cause  de  nos  désastres.
              Ils  ont  oublié  que  les  armées  de  Robespierre  ont  vaincu
           l'Europe coalisée et que  l'armée  de  métier  nous  a  valu  Sedan.




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