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Dernières  lettres

                   de  Fusillés







    DERNIERE  LETTRE  DU  LIEUTENANT  J.  MOENNE
                             Annecy,  le  19  mars  1944
                               MAISON  D'ARRET


         Bien  chers  Tous,

      Ce  jour,  19  mars  1944,  je  fus  jugé  par  la  cour  martiale,
   à  la  Maison  d'arrêt  d'Annecy  sans  aucune  défense  possible.
   Je  fus  par  celle-ci  condamné  à  la  peine  capitale.  C'est  donc
   demain  matin,  jour  anniversaire  de  Georges,  mon  neveu,  que
   je  serai  exécuté.  Comme  vous  le  savez,  je  suis  innocent.  Ce-
   pendant,  j'ai un  courage  de  fer,  je saurai mourir en  vrai  Fran-
   çais. C'est à vous  que  j'écris pour ne  pas surprendre  trop  bru-
   talement  ma  chère  maman,  que  j'ai  vue  hier  encore,  toute
   souriante  et  heureuse  de  me  voir.  J'avais  beaucoup  d'espoir
   et  je  ne  pensais  pas  un  instant  à un  pareil  coup  de  sort.  De-
   main  après-midi,  je  devais  revoir  maman  chérie  et  ne  vivais
   plus  que  pour  la  voir,  l'entendre,  la  voir  sourire  à travers  les
   barreaux de  la  grille  pendant dix minutes,  trop  courtes  hélas.
      Je  tiens  à  ce  que  vous  sachiez  tous  que  pendant  les  15
   jours  où  je  suis  resté  à  l'intendance  de  Police,  je  fus  à  plu-
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