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sieurs  morts  parmi  nos  gars.  Un  repli  provisoire  est  effectué
           vers  le  col  du  Tamié  sous  le  pilonnage  de  l'artillerie.  Les
           Allemands  se  retirent  sur  Montmélian  qui  est  occupée  le  24
           août  par les  compagnies  F.T.P.  et  A.S.  de  Savoie,  renforcées
           par la  compagnie  de  Rumilly.
              Dans  les  journées  qui  suivent,  les  boches  vont  effectuer
           un  repli  méthodique,  protégés  par  une  arrière-garde  de  S.S.
           et  de  troupes de  l'Afrika-Korps.  Le  morceau  est dur.  10  com-
           pagnies- F.T.P.  de  Haute-Savoie  sont  en  ligne.  Il  est  décidé,
           en  accord  avec  l'A.S.,  de  forcer  les  lignes  allemandes  entre
           Montmélian  et  St-Pierre-d' Albigny.  Le  25  août,  nous  obli-
           geons  les  troupes  allemandes  venues  de  Pontcharra  à  s'en
           retourner  à  leur  base.  Les  boches  réussissent  à  faire  sauter
           le  Pont-Royal  dans  les  premières  heures  du  25  août.  Mais
           nos  troupes  franchissent  l'Isère  à  gué.  Suivons  maintenant
           pas  à  pas  l'une  de  nos  compagnies,  la  93-16.  Voici  le  récit
           de  son  chef :
              « Nous  arrivons  à  Aiguebelle  dans  la  nuit  du  25  au  26.  A
           notre  arrivée,  nous  essuyons  quelques  coups  de  feu  des  bo-
           ches.  Mais  nous  recevons  un  accueil  enthousiaste  de  la  popu-
           lation  libérée.  Nous  rangeons  nos  camions  dans  la  ville,  la
           compagnie  se  forme  en  colonnes  et  poursuit  l'ennemi  avec  la
           « Patrouille  Blanche ».  Arrivés  près  du  pont  de  chemin  de
           fer  situé  au-dessus  d'Argentine,  la  fusillade  reprend.  Les
           boches  emploient  des  mortiers.  En  nous  dissimulant,  nous
           avançons  toujours,  traversons  le  pont  sans  subir  de  pertes.
           Un  vieux  paysan  pleure  sur  les  restes  de  sa  ferme  incendiée
           par  les  boches.  Trois  cadavres,  victimes  civils,  sont  trouvés
           dans  un  champ  de  maïs.
              « Chaque  commandant  de  compagnie  envoie  des  pa-
           trouilles  pour  reconnaître  le  terrain.  Les  boches  sont  retran-
           chés  sur  la  droite  d'Argentine  et  balayent  de  leur  feu  meur-
           trier  tout  la  largeur de  la vallée.  Le  lendemain,  27  août,  deux
           détachements  atteignent  le  château  d'Argentine.  Triste  spec-
           tacle:  Argentine  est  détruite  par  les  incendiaires  boches.  Il
           en  sera de  même  pour tous  les villages  que  nous  traverserons.
           Dans  la  ferme  du  château,  une  vieille  femme  est  toute  hébé-

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