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su1v1es  réussit  dans  cette  reg1on  le  passage  de  la  frontière
           suisse  avant  leur  arrivée.  De  ce  fait,  Gex  se  trouvait  libérée,
           mais  les  fuyards  continuaient  leurs  atrocités,  incendiant  tout
           sur leur  passage,  en  direction  du  col  de  la -Faucille.  La 93-15
           seule  dans  cette  soirée,  passa  le  sommet  du  col  sous  une
           véritable voûte  de  feu  formée  par les  flammes  des  deux  hôtels
           qui  se  faisaient  face.
               « Sur  l'ordre  de  Franquis,  une  patrouille  (groupe  Mont-
           Blanc) fut  organisée immédiatement qui  prit contact avec  l'en-
           nemi  dans  le  village  des  Rousses.  Alerté,  Franquis  prit  le
           commandement d'une patrouille de  renfort  et opéra la liaison.
           Un  camion  ravitailleur  en  munitions  avait  été  stoppé  et  un
           Russe  Blanc  qui  accompagnait  le  chauffeur  fait  prisonnier.
           Le  détachement  revint  au  village  de  la  Cure  pour  y  passer
           la  nuit,  la  première  où  les  hommes  allaient  enfin  dormir.  Le
           lendemain,  à  5  h.,  la  compagnie  se  heurtait,  dans  le  village
           des  Rousses,  à  2  bataillons  de  l'armée  Wlassow.  Le  combat
           à  un  contre  vingt  tourna  à  l'enfer  dans  le  village  en  flammes
           et dura  toute  la  journée.  L'ennemi  était appuyé  par  l'artillerie
           du  Fort.
               « Au  premier  contact,  criblé  de  balles,  Franquis  était
            tombé  .en  opérant  une  liaison  entre  ses  deux  groupes  de
            tête  et  il  ne  fut  pas  le  seul. ..  Trois  jours  plus  tard,  son
           corps  fut  retrouvé,  enterré  au  bord  de  la  route  et  pieusement
            ramené  dans  son  petit  village  de  Groisy-le-Plot,  en  présence
            de  ses  compagnons  de  combat,  figés  par  l'émotion.
               « Franquis,  ton  souvenir  seul  nous  reste  aujourd'hui,  ton
            souvenir  et  ton  exemple !
               « Nous  te  revoyons  quand  tu  t'effondrais  sur  le  parquet,
            à  bout  de  forces,  comme  à  la  veille  de  Machilly,  lorsque  tu
            poussais  le  désintéressement  jusqu'à  donner  tes  propres  vête-
            ments  pour  habiller  tes  gars ;  lorsque  enfin,  ne  pouvant
            presque  plus  marcher,  tu  emmenas  tes  hommes  en  ce  coin
            du  Jura où  tu  devais  mourir. ..  »
               Après  la  mort  de  Franquis,  la  compagnie  lutte  encore
            durement  pendant  deux  jours  devant  les  Rousses,  sous  un
            feu  intense  de  mortiers  et  de  mitrailleuses.
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