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L’ASPHALTE ET LE BITUME.                               675


             L’asphalte a, toutefois, un défaut parti­  presque toute l’année. Tant que la tem­
           culier : il se ramollit par l’action du gaz   pérature est inférieure à -j- 10°, le coefficient
           d’éclairage. Les fuites de gaz, lorsqu’elles   de traction est inférieur à celui des pa­
           se produisent au voisinage d’une chaussée   vages; ce coefficient augmente lorsque le
           en asphalte, lui sont excessivement funestes.  thermomètre monte, et pendant les grandes
             L’asphalte comprimé n’est pas plus glis­  chaleurs, il devient égal à celui des empier­
           sant que le pavage ou les empierrements,   rements récents. Cependant cette observa­
           par le temps de neige ou de verglas, mais   tion ne s’applique qu’aux roues suffisam­
           la neige fond plus vite sur sa surface.    ment larges. Les voitures qui roulent sur
             L’asphalte comprimé n’est pas glissant par   des roues à jantes étroites, comme les omni­
           les temps secs, il ne l’est pas non plus tant que   bus, ne profitent pas du bénéfice de cette
           la boue reste liquide. 11 est, du reste, facile   facilité de traction, parce que ces roues en­
           d’enlever la boue (en y faisant couler, par   foncent dans l’asphalte. Mais pour les voi­
           exemple, toutes les vingt-quatre heures, l’eau   tures reposant sur des roues plus larges, on
           des bouches d’arrosage), ou de répandre à la   voit la traction diminuer, lorsqu’elles pas­
           surface de la chaussée, du sable qui donne aux   sent d’une chaussée empierrée ou pavée sur
           pieds des chevaux une adhérence suffisante.  l’asphalte.
             L’asphalte comprimé est beaucoup plus      Darcy, dans un rapport sur les chaus­
           glissant que le macadam, mais il l’est moins   sées de Londres et de Paris, qu’il adressa,
           que le pavé de porphyre. On a fait le relevé   en 1850, comme inspecteur divisionnaire des
           comparatif des chevaux qui se sont abattus   ponts et chaussées, au ministre des travaux
           pendant deux mois sur les pavés de grès cu­  publics, estime que les frais d’entretien des
           biques (23 centimètres de côté) de la rue de   chevaux et des voitures circulant sur le pavé
           Sèze d’une part, et sur la chaussée en asphalte   de grès sont seulement la moitié des frais
           comprimé de la rue Neuve-des-Capucines,    qu’entraîne la circulation sur l’asphalte
           d’autre part, et l’on a trouvé, dans la pre­  comprimé.
           mière de ces rues, une chute pour 1308 che­  Voici, du reste, un'tableau qui permet de
           vaux, tandis qu’il n’y a eu qu’une seule   comparer, au point de vue des dépenses
           chute dans la seconde rue sur 1409 chevaux.  d’établissement et d’entretien, l’asphalte
             La traction se fait sur une chaussée d’as­  comprimé, le pavé en porphyre belge et le
           phalte avec une grande facilité pendant    macadam.



                                                COUT              ENTRETIEN ANNUEL
                                           DE 1er ÉTABLISSEMENT            par
                                              par mètre carré.         MÈTRE CARRÉ.

            Pavé en porphyre belge....................... De 18 à 22 francs  De 0f,50 (joints serrés) à lf,50 (joints larges).
             Asphalte comprimé.........*....................  15 francs   if,25
            Macadam en granit (dans les voies fré­
              quentées) .............................................  7 francs  De 2f,o0 à 3 francs.



             On voit parce tableau qu’au point de vue | comprimé et en troisième lieu le pavé de
           des frais d’établissement le macadam est le porphyre.
           moins coûteux. Viennent ensuite l’asphalte j Les frais d’entretien augmentent, au con-
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