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674 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
tion qu’il assure aux voitures comme aux Le bureau de la voirie parisienne était
piétons. On lui reproche de donner de la boue débordé. Les rapports annuels du préfet de
à la moindre pluie, mais ce défaut est racheté police au conseil municipal en font foi. On
par bien des avantages. Là n’est donc pas son en trouve l’affirmation formulée comme il
véritable inconvénient. Ce qui a fait aban suit dans un de ces rapports qui porte la
donner dans beaucoup de villes les chaus date de 1861 :
sées de macadam , c’est la dépense exces
« Le pavé de Paris, est-il dit dans ce rapport, est de
sive qu’exige leur entretien. Le macadam
plus en plus difficile à maintenir en bon état ; les grès
coûte trois fois plus cher que le pavé de grès. de bonne qualité deviennent rares, les plus durs ne
C’est ce qui décida le conseil municipal de sont pas assez tenaces, d’ailleurs, pour résister à la
fatigue d’une circulation qui a doublé depuis quel
Paris, en 1871, à remplacer presque partout
ques années,car le nombre des voilures circulant dans
par le vieux pavé de grès, le macadam que Paris, qui était de 21,690 en 1863, montait à 38,763
l’administration de Paris, sous le second Em en 1859. Quant au macadam qui s’est emparé de toutes
pire, avait si largement adopté. les grandes artères de Paris et qui s’étend à mesure
qu’elles se développent à travers la ville, il est une
L’asphalte s’est posé en rival de tous les
cause de dépenses inquiétantes par la proportion
anciens moyens de pavage. Examinons son ascendante qu’elles suivent sous la double action de
utilité. Comme c’est à Paris que se sont l’accroissement des surfaces à entretenir et de la
circulation qui les sillonne, et en même temps un
faites surtout les expériences de pavage as
véritable fléau pour les piétons, ce qui n’est pas un
phaltique, les essais faits à Paris nous occu détail de peu d’importance, dans un pays démocra
peront particulièrement. tique, comme le nôtre. »
Les faits que nous allons résumer sont dé
veloppés dans une Notice sur les voies as Nous avons dit, dans la première partie
phaltées de Paris, rédigée par M. Homberg, de cette Notice, que l’asphalte agglutiné au
ingénieur du service municipal de Paris, pu moyen de l’huile de résine, fut le premier
bliée au mois de décembre 1865 dans les procédé dont on fit l’essai dans la rue de la
Annales des ponts et chaussées et reproduite Barillerie. Ce procédé avait l’avantage de
dans les notes de l’ouvrage de M. Léon Malo, constituer une couche très-homogène, un
Guide pour la fabrication et l'application de peu élastique et très-résistante à l’écrasement;
l'asplialle et des bitumes (1). mais la dessiccation de cette surface ne pou
Depuis longtemps lalutteest engagée entre vait se faire que pendant l’été. Il fallait donc
les progrès d’une circulation écrasante et attendre celte saison pour construire ou pour
les efforts persévérants de la voirie s’ingé procéder aux réparations, et les chaussées
niant à réparer les dégâts et à les éviter sans très-fréquentées étaient complètement dété
s’exposer à d’autres dangers ; depuis long riorées avant qu’il fût possible d’y porter
temps l’édilité de la capitale a fait étudier et remède. Ajoutons que l’entretien de ces
appliquer les systèmes les plus divers ; mais chaussées asphaltées revenait à 6 francs par
la destruction était plus rapide que l’œuvre an et par mètre carré, et l’on se convaincra
réparatrice et les élégantes voitures qui se que ce système n’était pas viable.
déplacent rapidement sur des roues à jantes L’asphalte coulé ou comprimé est venu
étroites, tout autant que les lourds fardiers répondre en partie aux besoins du pavage
porteurs/ de charges énormes n’en conti des villes. Il résiste très-longtemps à l’usure.
nuaient pas moins à défier l’entretien des 11 ne se réduit pas en poussière, comme
voies de communication. le grès, et ne se disloque pas, comme les
empierrements. II épargne donc aux rive
(1) Pages 200-226. rains la boue et la poussière.

