Page 672 - Les merveilles de l'industrie T3 Web
P. 672

L’ASPHALTE ET LE BITUME.                                673


           Appliquant aux empierrements des routes   besoin que d’être relevé et retaillé, le pavé
         le bénéfice des mêmes observations, on a   de bois, après le même laps de temps, n’a
         diminué de plus en plus les dimensions des   presque plus de valeur.
         fragments de cailloux de grès qui consti­    Lorsque le pavé de bois est sec, la traction
         tuaient ces empierrements, ce qui a au­    s’y opère, selon les ingénieurs anglais, avec
         gmenté la solidité et l’élasticité de la surface   un effort quatre fois moins considérable que
         ainsi obtenue.                             sur les pavés de grès. Mais cette siccité est
           Le pavage en bois fut inauguré pour la   rare sous notre climat, car le pavé de bois
         première fois, vers 1834, à Saint-Péters­  absorbe l’eau avec une grande facilité, et con­
         bourg. On fit d’abord usage de blocs de bois   serve même pendant la sécheresse l’humi­
         longs de 30 centimètres et larges de 15 à 20   dité dont il s’est imprégné pendant les jours
         centimètres. Ce mode de pavage, après avoir   de pluie. Aussi est-il presque toujours hu­
         été perfectionné en Angleterre, a été mis à   mide. Lorsqu’on le lave, pour le débar­
         l’essai à Paris.                           rasser de la boue qui rend sa surface glis­
           Deux systèmes sont donc aujourd’hui en   sante, on ne fait que substituer une se­
         présence, le système russe et le système an­  conde cause de glissement à la première.
         glais ou système Hogdson.                    Le pavé de pierre est plus économique
           Le système Hogdson est usité à Lon­      que celui de bois. 11 n’a d’autre inconvé­
         dres où il a résisté à une circulation de douze   nient que le glissement. Ce défaut est très-
         cents chevaux et de sept mille voitures. 11   sérieux avec les pavés à large surface qui
         fut introduit à Paris, en 1842. La rue Croix-   ont été primitivement employés, et il l’est
         des-Petits-Champs, la rue Richelieu, l’em­  encore davantage avec ces pavés de porphyre
         placement qui fait face au théâtre français,   belge dont la capitale a été trop largement
         furent ses premières étapes, dans notre capi­  pourvue depuis l’année 1871. On s’était pro­
         tale. On l’a ensuite appliqué sur une petite   posé de remédier, par ces petits pavés, aux
         partie du boulevard Saint-Michel, en face la   cahots des voitures et aux chutes de chevaux,
         fontaine de ce nom. Les pavés Hogdson em­  causées par les joints des pavés. Malheureu­
         ployés dans ces divers emplacements repré­  sement les surfaces ainsi constituées se polis­
         sentent deux prismes en croix inclinés à 63°;   sent rapidement sous les jantes des roues et le
         on enchevêtre les pavés les uns dans les autres.  fer des chevaux, et les chutes y sont tellement
           Les pavés de bois du système russe sont   fréquentes que l’on a renoncé à cette dis­
         des rhomboïdes de 18 à 20 centimètres de   position. Aujourd’hui on espace les pavés
         hauteur. Ils sont réunis par des chevilles de   de porphyre de 2 à 3 centimètres. Mais on a
         bois et assemblés par panneaux. Des rainu­  fait ainsi renaître la cause des chutes provo­
         res croisées empêchent le glissement des   quées par les pavés espacés, et l’on prépare
         pieds des chevaux. On applique ces panneaux   pour les beaux jours de la poussière, et pour
         sur une couche de mortier, comme on le fait,   les jours de pluie, de la boue. On a remédié
         du reste, pour les pavés du système anglais.  à cet inconvénient en remplissant les joints
           L’avantage des pavés de bois, c’est d’amor­  avec du mortier hydraulique.
         tir le bruit. Aussi s’en est-on servi avec pro­  La neige et le verglas rendent glissants les
         fit devant la bibliothèque de la rue Richelieu   pavés de grès et les empierrements.
         et d’autres édifices qui réclament le silence.   Le macadam, cet admirable mode d’em­
         Leur inconvénient, c’est la dépense d’établis­  pierrement, a été établi à l’intérieur des vil­
         sement et d’entretien. Tandis que le pavé   les, particulièrement à Paris. C’estun pavage
         de pierre, après quelque temps d'usage, n’a  irréprochable pour la douceur de la locomo-
                 T. III.                                                         272
   667   668   669   670   671   672   673   674   675   676   677