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                    appareils Ilermann-Lachapelle et Glover,    Voici quelles étaient les dispositions de
                    parce qu’ils nous ont permis de donner une   ses appareils.
                    idée exacte des différentes opérations de   Le générateur d’acide carbonique est un
                    l’industrie des boissons gazeuses. Ces appa­  foyer en briques réfractaires, garni d’une
                    reils ne sont, comme on l’a vu, que des   enveloppe en tôle, dans lequel s’opère la
                    modifications apportées à l’appareil primi­  combustion du coke. Le foyer étant chargé
                    tif de l’ingénieur anglais Bramah. Un autre   en proportion du volume d’air qu’il reçoit,
                    constructeur de Paris, M. Ozouf, a modifié   le coke brûle en produisant de l’acide car­
                    le même appareil par des dispositions qui   bonique entièrement exempt d’oxyde de
                    diffèrent de celles adoptées par MM. Her­  carbone. Le gaz acide carbonique, à mesure
                    mann-Lachapelle et Glover.                qu’il se forme, est aspiré par une pompe,
                      Avant de décrire l’appareil de M. Ozouf   qui fait en même temps appel de l’air exté­
                    pour la fabrication continue de l’eau ga­  rieur au-dessous du foyer où il active la
                    zeuse, nous dirons que ce constructeur a   combustion. Le gaz carbonique est ensuite
                    fait, en 1868, une tentative intéressante, dic­  refoulé dans un réfrigérant composé de tu­
                    tée par la théorie, mais que la pratique in­  bes verticaux entourés d’eau froide, puis il
                    dustrielle n’a malheureusement pas sanc­  passe dans un vase-laveur, d’où il se rend
                   tionnée. Au lieu de produire l’acide carbo­  dans une série de cylindres horizontaux en
                   nique en décomposant la craie, le marbre   tôle, munis d’agitateurs à ailes, et chargés
                   ou le bicarbonate de soude par l’acide sul­  d’une dissolution de sous-carbonate de
                   furique, comme on le fait dans tous les ap­  soude. Là il est absorbé par le sel alcalin,
                   pareils en usage aujourd’hui, M. Ozouf vou­  qui se transforme ainsi en bicarbonate. Dès
                    lut emprunter l’acide carbonique destiné à   qu’elle est saturée d’acide carbonique, la
                   fabriquer les eaux gazeuses à la combustion   dissolution saline s’écoule dans un bac,
                   du charbon.                                d’où elle est transportée, au moyen d’une
                     En substance, le procédé de M. Ozouf     pompe aspirante et foulante, dans des vases
                    pour la production de l'acide carbonique,   distillatoires chauffés par de la vapeur.
                    est le suivant: obtenir l’acide carbonique   Sous l’influence de la chaleur, le bicarbo­
                   par la combustion du coke, et engager en­  nate de soude abandonne la moitié de son
                   suite ce gaz dans une combinaison alcaline,   acide carbonique, et repasse à l’état de car­
                    laquelle, décomposée par une température   bonate neutre. Reprise alors par un jeu de
                    élevée, laisse dégager le gaz acide carbo­  pompe, elle circule, pour se refroidir, dans
                    nique.                                    des serpentins incessamment baignés d’eau
                     On avait toujours fabriqué le gaz carbo­  courante et revient au premier cylindre sa­
                   nique en traitant la craie par l’acide sul­  turateur, pour s’y charger d’acide carbonique
                    furique ; mais cette méthode ne donne de   et fournir à une nouvelle opération, tandis
                   bons résultats qu’à la condition d’agir sur   que le gaz acide carbonique qu’elle vient de
                   des matériaux d’excellente qualité, et avec   perdre par l’action de la chaleur, passe lui-
                   la précaution de laver le gaz dans l’eau,   même dans un réfrigérant tubulaire, re­
                   pour le dépouiller de toute odeur étran­   prend la température ordinaire en laissant
                   gère et des traces d’acide sulfurique qu’il   déposer la vapeur d’eau qu’il a entraînée,
                   peut avoir entraînées. Il est bien rare que ces   et se rend enfin dans un gazomètre.
                   diverses conditions soient fidèlement rem­   Ainsi, l’acide carbonique produit par la
                   plies. C’est ce qui avait suggéré à M. Ozouf   combustion du charbon est lavé, puis ab­
                   la pensée d’un autre mode de préparation.  sorbé par une liqueur alcaline, laquelle ne
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