Page 77 - Les merveilles de l'industrie T1

LE VERRE ET LE CRISTAL. 71

d’acier. Ce dépôt de platine s’obtient en appli­ et on l’évapore à sec, en évitant de décom­
quant sur le vernis de la poterie une liqueur poser le chlorure de platine formé. Ce chlo­
composée d’une dissolution de chlorure de rure de platine sec est étalé sur une surface
platine et d’essence de lavande. En portant la de verre, et on y ajoute, par petites portions,
porcelaine recouverte de celte composition de l’essence de lavande rectifiée. Une réac­
dans le four, la chaleur décompose le sel de tion a lieu aussitôt, par laquelle le chlorure
platine, et le métal se dépose avec tout son de platine est réduit à l’état de sous-chlorure.
éclat,présentant immédiatement un poli qu’on Lorsqu’on a versé environ 1,400 grammes
dirait provenir du brunissoir. d’essence de lavande, on relève le mélange
M. Dodé songea à déposer par un moyen avec une spatule de platine, on le met dans
analogue une couche de platine sur les gla­ une capsule de porcelaine, et on le laisse re­
ces. 11 réussit à platiner ainsi des glaces sur poser pendant huit jours. On décante alors et
une de leurs faces. l’on filtre. Après6 jours,ondécantedenouveau
Il lui vint alors à l’esprit un perfection­ le liquide filtré, qui doit marquer 5° au pèse-
nement plus important encore : c’était de acide. On ajoute alors à ce mélange le fondant.
fixer la couche de platine en avant de la Pour 100grammes de platine on emploie,
glace, sur sa face antérieure. En opérant ainsi, comme fondant, 25 grammes de litharge,
on pouvait employer des glaces polies d’un 25 grammes de borate de plomb, que l’on
seul côté. On supprimait donc la moitié du broie jusqu’à porphyrisation complète, avec 8
travail du dressage, du doucissage et du savon­ ou 10 grammes d’essence de lavande. On mé­
nage. De plus, la couche de platine devant lange, en remuant, ce fondant avec la liqueur
cacher les défauts du verre, la glace n’aurait platinifère et on applique avec un pinceau
pas besoin d’être d’une irréprochable pureté. cette composition sur la glace.
La mise en pratique de ce procédé, c’est- La couche qu’on dépose ainsi sur les glaces
à-dire l’application de la lame de platine sèche lentement sans aucune coulure. On
sur la surface antérieure des glaces, a donné doit éviter, dans cette opération, toute pous­
tous les résultats avantageux que la théorie sière et toute humidité.
faisait pressentir, et permis de réduire sen­ Les glaces recouvertes de cette couche
siblement le prix des glaces, en dépit de la sèche sont ensuite placées dans le moufle
cherté du platine. d’un fourneau à porcelaine. On les dispose
Nous allons donner quelques détails sur le parallèlement et dans une position verticale.
platinage des glaces, destiné à remplacer l’e- Par l’action d’une cuisson régulière, que l’on
tamage. règle au moyen de registres ou de portes en
L’usine de Wailly-sur-Aisne, où s’est ex­ i tôle s’ouvrant sur les faces antérieure et pos­
ploitée cette industrie nouvelle, fabrique son térieure, le sel de platine se décompose, et le
verre, qu’elle polit ensuite en un temps très- métal se dépose à l’état brillant sur le verre.
court, par une méthode perfectionnée, mais Nous avons dit que ces glaces platinées
qui est tenue secrète. sont moins chères que les glaces étamées ;
La composition platinifère se prépare voici des chiffres à l’appui de ce fait. Une
comme il suit: glace de 1. mètre carré absorbe environ 183
On prend 100 grammes de platine laminé, grammes de mercure, et 550 grammes d’é­
que 1 on dissout dans une eau régale formée tain, représentant environ une valeur totale
de 400 grammes d’acide azotique pour 1000 de 4fr,40, tandis que 1 mètre carré de glace
grammes d’acide chlorhydrique pur. On platinée n’absorbe que lfr,20 de platine. 11
chauffe la liqueur acide au bain de sable,
en résulte qu’à l’usine de Wailly-sur-Aisne,