Page 70 - Les merveilles de l'industrie T1
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64                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                        mier; le troisième est en pleine activité. Un  et il pénétrera dans le four presque aussi chaud que
                                                                   le four lui-même. Dans le même temps, on aura, par
                         four ne dure ordinairement que sept à huit
                                                                   le moyen dé deux autres soupapes d’une autre
                         mois.                                     chambre semblable, fermé le passage de l’air exté­
                           Sur les parois latérales de la halle, sont   rieur arrivant par cette seconde chambre, et ouvert
                         disposés les fours à recuire, dans lesquels on   le passage par lequel les produits de la combustion
                                                                   se rendront dans la cheminée d’appel. Par ce jeu al­
                        introduit les glaces qui viennent d’être coulées
                                                                   ternatif de soupapes, on maintient une alimentation
                        et qui sont encore toutes brûlantes, pour les   d’air chaud dans le four, et on économise ainsi une
                        laisser refroidir avec lenteur. Ces fours nom- I  grande quantité de combustible, tout en portant le
                                                                   four à une plus haute température. On comprend
                        niés carcaises sont bas, cintrés et profonds ;
                                                                   que l’appareil peut être disposé de telle sorte que la
                        de 14 mètres. Dix de ces fours s’ouvrent de !   même soupape qui intercepte le passage des produits
                        chaque côté de la halle.                 I de la combustion à la cheminée d’appel, donne, par
                           La forme des fours de fusion varie selon   | cette manœuvre de fermeture, l’accès à l’air atmo­
                                                                  sphérique, et réciproquement.
                        les usines. Autrefois, on les chauffait au bois,
                                                                    « Si, d’autre part, on soumet la houille ou autre
                        et la provision ainsi que l’aménagement du   combustible, dans un appareil séparé, à une tempé­
                         bois à brûler, étaient la grande affaire des I   rature seulement suffisante pour volatiliser les gaz
                                                                  combustibles, sans toutefois les brûler, et que l’on
                        glaceries. Aujourd’hui la houille a partout
                                                                   fasse passer ces gaz par un appareil réticulaire, ainsi
                         remplacé le bois.                         qu’on l’a fait pour l’air, de manière à s’échauffer à
                           Dans certaines usines, et notamment à !  mesure qu’ils s’approchent du four de combustion,
                                                                  on arrive ainsi à opérer la combustion au moyen de
                        Saint-Gobain, il existe quelques fours d’in­
                                                                  gaz et d’air déjà presque aussi chauds que le four
                        vention nouvelle, dus à M. Siemens et con­  lui-même, et l’on conçoit dès lors et le degré de
                        nus sous le nom de fours à gaz et à chaleur   température et l’économie de combustible qui
                        régénérée, qui permettent de réduire considé­  doivent résulter de cette combinaison, il est entendu
                                                                  que les gaz, comme l’air, sont mis alternativement
                        rablement la consommation de la houille.
                                                                  en correspondance avec deux chambres réticulaires.
                           Nous exposerons seulement la théorie de   Ces chambres sont donc au nombre de quatre, dont
                        ce four à gaz, que nous emprunterons au   deux conduisent les produits de la combustion dans
                                                                  la cheminée d’appel, les deux autres donnent accès,
                         Guide du verrier de M. Bontemps.
                                                                  l’une à l’air chaud, l’autre aux gaz de combustion
                                                                  échauffés ; puis, par un jeu de soupapes, ces deux
                          « L’idée fondamentale de M. Siemens, dit M. Bon-   dernières, dont la température s’est abaissée, sont
                        temps, a été de faire servir l’énorme quantité de   réchauffées de nouveau en servant de passage aux
                        chaleur perdue qui s’échappe par les cheminées, à   produits de la combustion vers la cheminée d’appel,
                        chauffer l’air atmosphérique qui alimente la com­  tandis que les deux autres amènent à leur tour l’une
                        bustion, et à chauffer aussi les gaz qui viennent se   l’air, l’autre les gaz.
                        brûler dans le four.                        « L’intensité de la température peut d’ailleurs être
                          « Si, en effet, entre le fourneau où s’opère la com­  réglée au moyen des soupapes qui donnent accès à
                        bustion du gaz et la cheminée d’appel par laquelle   volonté à plus ou moins d’air atmosphérique, à plus
                        s’échappent les produits de la combustion à une tem­  ou moins de gaz. On peut aussi par intervalles, et si
                        pérature égale à celle du fourneau lui-même, on   la température s’élevait trop, faire arriver directe­
                        interpose une sorte de chambre remplie de briques,   ment soit l’air atmosphérique, soit les gaz dans le
                        superposées de manière à laisser des interstices entre   four, sans les faire chauffer par leur passage dans
                        elles, la partie de cette chambre voisine du foyer   les régénérateurs.
                        deviendra bientôt aussi chaude que le four lui-   « Le système de M. Siemens consiste donc surtout
                        même, et la température ira en décroissant jusqu’à   à éloigner du four la houille ou autres combustibles
                        l’extrémité opposée, qui communiquera avec la che­  solides, et à alimenter la combustion dans ce four
                        minée d’appel. Si, à présent, au moyen d’une sou­  au moyen de gaz et d’air préalablement chauffés à
                        pape, on intercepte la communication entre cette   une haute température. »
                        chambre et la cheminée d’appel, tout en ouvrant
                        en même temps une autre soupape qui donne entrée   Le perfectionnement réalisé par M. Sie-
                        à l’air extérieur, cet air extérieur, suivant une
                        marche contraire, s’échauffera successivement à |   mens consiste, comme on le voit, d’abord
                        mesure qu'il se rapprochera de l’extrémité opposée, ; dans la séparation des creusets et du coin-
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