Page 68 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 68
62 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
de Saint-Gobain, qui doit bien connaître tance d’un conlic-maître de Saint-Gobain, et
les faits, accorde sans hésiter à Louis Lu elle lutta sans désavantage contre sa rivale.
cas de Nehou le mérite de la découverte du C’est au commencement du xixe siècle que
coulage des glaces. Pendant la fête qui eut la fabrique de Saint-Quirin commença sa
lieu à Saint-Gobain, en 1865, à l’occasion production de glaces.
du deux centième anniversaire de la fonda En 1840, la glacerie de Saint-Quirin fut
tion de la Compagnie, on grava l’inscription transportée à Cirey. Bientôt les deux rivales
suivante sur une plaque de marbre qui fut
firent cesser toute concurrence et réglèrent à
posée à l’un des côtés de la porte de la l’amiable la vente de leurs produits dans un
chapelle de Saint-Gobain :
dépôt commun.
Les privilèges ayant été abolis en 1789, une
LE 22 OCTOBRE 1865
LA COMPAGNIE DE SAINT-GOBAIN, CHAUNY ET CItlEY glacerie nouvelle s’était établie à Com mentry ;
A FAIT PLACER CETTE INSCRIPTION
les deux compagnies l’achetèrent et la reven
EN MÉMOIRE DE LOUIS LUCAS DE NEHOU
dirent, avec stipulation de ne point y fabri
QUI INVENTA
EN 1691
quer de glaces. Une autre glacerie, établie
LA MÉTHODE DE COULER LES GLACES
par M. de Prémontré, en 1830, près de Saint-
ET INSTALLA LA MANUFACTURE
EN 1693
Gobain, fut également rachetée par la même
DANS LE CHATEAU DE SAINT- GOBAIN
Compagnie.
OU JL EST MORT
EN 1728.
D’autres glaceries se fondèrent en France
à cette époque. Telles furent celle de Mont-
Par des lettres patentes du 14 décem
luçon, non loin de Commentry, celle d’Ani-
bre 1688, un privilège royal de trente années
che, dans le départes Au Nord ; de Flo-
fut accordé à Abraham Thevart. Il était tenu
reffe près Namur, de S< Xrie d’Oignies,
de fabriquer des glaces, dites grandes, et d’au i
en Belgique, de Recquib X Feumont,
moins 60 pouces sur 40.
dans le département du Ne Xdernières
En 1691, Abraham Thevart transporta ses
fondées par les établissements Xte-Ma-
ateliers à Saint-Gobain (aujourd’hui dépar
rie et de Floreffe); d’Aix-la-Cha ^nthi
tement de l’Aisne). Abraham Thevart avait
de Manheim (cette dernière fonde \Ja
attiré à lui Louis Lucas de Nehou, qui, quit
compagnie de Cirey).
tant sa fabrique de Normandie, était devenu
Depuis 1855, les compagnies de Saint
directeur de celle d’Abraham Thevart. Pen
bain et de Cirey ont fusionné. La premiè.
dant plus d’un siècle on continua à expédier j
apportait l’établissement fondé nouvellement
de Saint-Gobain des glaces brutes à la manu
à Manheim, la seconde, l’importante usine
facture du faubourg Saint-Antoine, à Paris,
de produits chimiques de Chauny, d’où elle
où on les terminait.
tire la soude nécessaire à la composition du
L’étranger ne tarda pas à mettre à profit verre à glaces. Deux ans après, la compagnie
la découverte française. En 1773, fut fondée fusionnée, sous le nom de Compagnie des gla
en Angleterre, à Ravenhead, près de Prescott, ! ces et produits chimiques de Saint-Gobain,
la première manufacture de glaces coulées. Chauny et Cirey, louait à la compagnie
Des fabriques furent également créées en d’Aix-la-Chapelle la manufacture de Stolberg
Allemagne dès cette époque, mais elles n’eu et l’acquérait en 1864 (1).
rent qu’une durée éphémère. Tel est l’historique de l’établissement et
En France, la fabrique de vitres de Saint- des progrès en France de la fabrication des
Quirin, qui faisait des glaces soufflées, se mit
(1) Augustin Cochin, la Manufacture de glaces de Saint-
à fabriquer des glaces coulées, avec l’assis Gobain, p 63.