Page 37 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE VERRE ET LE CRISTAL.                                  31


               Le verre dévitrifié est moins dense que le   I d’un volume assez considérable, imitant la belle
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             verre ordinaire, qu’il raye facilement ; il est
                                                       dans certains cas. Ces plaques, quoique très-dures,
             aussi plus altérable à l’air, et moins cassant.   peuvent être doucies et polies comme les glaces. »
             Le diamant ne le coupe pas; il est mauvais
                                                         Le diamant raye le verre, et dans certaines
             conducteur de la chaleur et conduit l’élec­
                                                       conditions particulières, il le coupe.
             tricité assez bien pour ne pouvoir pas être
             employé comme support isolant d’une ma­     Il faut bien distinguer la rayure et la cou­
                                                       pure, qui sont des phénomènes différents.
             chine électrique.
                                                       Pour rayer le verre, on détermine un sillon
               Le verre à vitres et le verre à bouteilles
                                                       raboteux en brisant irrégulièrement sa sur­
             se dévitrifîent très-facilement. Aussi est on
                                                       face ; pour le couper on sillonne sa surface
             obligé de travailler ces verres avec le plus de
                                                       par une fissure unie, légère; puis, avec un
             célérité possible. Il arrive, sans cela, qu’a­
             vant que l’ouvrier ait utilisé toute la matière   petit effort, on presse adroitement à l’une des
                                                       extrémités de cette fente, et l’on détermine la
             que contient son creuset, le verre commence à
                                                       rupture du verre le long de la ligne tracée
             devenir opaque, galeux, comme l’on dit en
             termes du métier. Il est alors impossible de le   par le diamant.
             travailler.                                 Les diamants naturels sont ceux dont se
               On trouve très-souvent, au fond des creu­  servent les vitriers pour couper le verre. Ces
             sets, des portions de verre dévitrifié, tantôt   pierres précieuses présentent des arêtes cur­
             opaques comme de la porcelaine, tantôt sous   vilignes, tandis que les diamants qui ont été
             la forme de mamelons non transparents qui   taillés par le lapidaire offrent des arêtes en
             sont noyés dans la masse vitreuse, tantôt aussi   ligne droite. Or, la forme de l’arête du dia­
             sous la forme de prismes isolés ou réunis en   mant est la principale cause des effets qu’il
             étoiles.                                  produit, comme l’a reconnu Wollaston. En
               Tous les verres qu’on trouve dans le com­  taillant un saphir, un rubis-spinelle, un
                                                       fragment de cristal de roche, de manière
             merce peuvent être décitrifiét. Le cristal subit
             cette modification plus difficilement que les   a leur donner des arêtes curvilignes, Wol­
             autres verres : il prend l’aspect de la porce­  laston réussit à produire, avec ces pierres,
             laine, mais sa cassure demeure lisse, ho­  qui sont bien moins dures que le diamant, des
             mogène, et non fibreuse.                  fissures nettes sur du verre. Toutefois cette
               La porcelaine de Réaumur est un pro­    propriété n’est pas permanente ; les cristaux
             duit que les verreries fabriquent aujourd’hui   ainsi taillés s’usent et finissent par ne plus
             comme objet d’ornement; mais sa prépara­  pouvoir couper le verre.
             tion s’entoure de beaucoup de difficultés.

               «Deux circonstances, dit M. Pelouze, rendent très-
             difficile la fabrication industrielle, c’est-à-dire éco­
             nomique, des objets façonnés en verre dévitrifié : ,
             d’abord et surtout la nécessité de soumettre ces ob- ■   CHAPITRE IV
             jets à un ramollissement prolongé, qui devient un
             obstacle considérable à la conservation de leurs   COMPOSITION DU VERRE. — ÉLÉMENTS QUI ENTRENT DANS
             formes, et en second lieu la longueur de l’opération   LES DIFFÉRENTES SORTES DE VERRE.
             qui nécessite des dépenses très-considérables de
            combustible et de main-d’œuvre.
                                                         La silice d’une part, d’autre part la soude,
              « On ne peut pas dire cependant, ajoute M. Pelouze,
            que la porcelaine de Réaumur ne recevra jamais d’ap­  la potasse, la chaux, l’alumine et l’oxyde de
            plications importantes ; dès aujourd’hui, il serait pos­  plomb, telles sont les matières qui entrent
            sible de fabriquer des plaques de verre dévitrifié,  dans la composition des verres et des cris­
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