Page 217 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 217

212                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                  diverses manipulations des potiers étaient   les emplacements d’anciennes fabriques, par
                  parfaitement connues de tous les Romains.  exemple à Luxembourg. On a meme retrouvé
                    La plupart des poteries romaines qui sont   dans les lieux où il avait existé des fours de
                  parvenues jusqu’à nous, ont ete trouvées dans   potiers, les poinçons, les ébauchoirs, les
                  les fouilles exécutées en Italie, et dans les dif­  styles et d’autres petits instruments en cuivre
                  férents pays où avaient passé les légions ro­  ou en ivoire, dont se servaient les ouvriers
                  maines. Aussi les urnes, les vases des Ro­  romains pour finir leurs ouvrages.
                  mains figurent-ils en grand nombre dans la   Nous donnons (fig. 150, 151, 152, 153,
                  plupart des musées et des collections d’ama­  154), quelques spécimens de la première sorte
                  teurs.                                     de poteries romaines. Ce sont des fragments
                    Pour mettre un peu d’ordre dans cet ex­  de coupes et de vases qui ont été recueillis
                  posé, nous suivrons la classification adoptée   en différents lieux, mais qui présentent tous
                  par Brongniart pour les poteries romaines.  un caractère certain d’authenticité.
                    Le savant chimiste divise les poteries ro­  La pâte de ces poteries est généralement
                  maines en quatre groupes, qui diffèrent par   d’un rouge de cire à cacheter, avec un lustre
                  les époques, les matériaux et les principes   brillant, vitreux, très-mince, qui, par lui-
                  de fabrication.                            même, paraît sans couleur, mais qui rehausse
                    La première sorte de poteries romaines,   le ton de la pâte.
                  distinguée par Brongniart, est la mieux carac­  Il est à remarquer que même les vases les
                  térisée. Elle se compose de pièces à pâte et   plus riches, les plus grands, les mieux
                  à lustre rouge. Ces poteries se trouvent par­  façonnés de cette sorte de poterie, ne sont
                  tout, mais surtout en France et en Angle­  jamais recouverts de peintures. Seulement
                  terre. Elles ont été fabriquées de la fin du   ils sont enrichis d’ornements ou de figures
                  premier siècle avant Jésus-Christ, à la fin du   en relief de même couleur et de même na­
                   troisième après Jésus-Christ.             ture que la pâte.
                   ' Les poteries de cette première catégorie   Les pièces romaines de cette époque ont un
                  étaient façonnées avec une grande perfec-  style si tranché, si particulier, que l’on peut
                                                             reconnaître le plus petit fragment de cette
                                                             sorte de poterie de quelque lieu qu’il vienne.
                                                             On a analysé, à la manufacture de Sèvres, un
                                                             grand nombre de poteries de cette espèce, ve­
                                                             nant de Gergovium, et quiavaient été trouvées
                                                             dans les fouilles du Châtelet (en Champagne),
                                                             à Luxembourg, à Noyelles-sur-Mer. Toutes
                                                             présentaient le même caractère quant à la
                                                             composition du sujet. Par leur style elles dé­
                                                             celaient une origine commune, parce que
                                                             toutes provenaient de potiers romains ou qui
                     Fig. 154. — Coupe hémisphérique à reliefs (poteries
                           romaines de Ja deuxième sorte).   avaient travaillé à l’instar et à l’imitation des
                                                             Romains.
                  tion. L’usage du tour est constant dans toutes   Nous donnerons plus loin le dessin d’une
                  les pièces rondes. Les contours, baguettes   amphore romaine trouvée en Angleterre,
                  et filets, sont faits très-régulièrement.  mais il n’est pas inutile de faire remarquer
                    Les potiers romains employaient des mou­  qu’on a recueilli dans la Grande-Bretagne
                  les dont quelques-uns ont été retrouvés dans   des poteries d’une date antérieure. Les plus
   212   213   214   215   216   217   218   219   220   221   222