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208                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                  thage, on rencontre des potiers grecs célè- :  communes. Brongniart a développé cette
                  bres. Ces derniers voient bientôt leur naître   thèse et a mis cette vérité hors de doute
                  des émules dans l’Étrurie, dans la Grande- ,  dans un chapitre plein d’intérêt, que l’on
                  Grèce, dans la Campanie et la Sicile, dans   nous saura gré de reproduire.
                  l’Apulie, dans toute l'Italie méridionale, qui
                  alors était presque partout composée de co­  « L’examen technologique de toutes les poteries
                  lonies grecques, tandis que quelques siècles   de l’Antiquité, si connues, si célèbres même et de­
                                                            puis longtemps, sous les noms de poteries grecques,
                  plus tard, par un de ces revirements dont
                                                            rampaniennes, étrusques, samiennes, romaines, etc.,
                  l’histoire nous offre plus d’un exemple, c’est   conduit nécessairement, dit Alexandre Brongniart,
                  la Grèce qui devait devenir une annexe de   à conclure que toutes ces poteries appartiennent à
                                                            la classe de la poterie commune. La pâte des vases
                  l’empire romain.
                                                            grecs, toujours rougeâtre, quelquefois cependant d’un
                    Ces considérations font pressentir que   gris rougeâtre pâle, est en général fine et légère,
                  nous n’aurons pas beaucoup à nous étendre   à texture lâche, et, comme nos poteries communes,
                  sur la céramique à Rome et dans les pays   elle laisse transsuder l’eau, lorsqu’elle n’a été en­
                                                            duite d’aucun vernis ; elle est tendre, facile à être
                  oit les Romains portèrent leur domination.
                                                            entamée par le couteau, et n’a reçu qu’une faible
                  Les Romains trouvèrent la céramique toute  I cuisson.
                  créée par le génie grec; ils n’eurent qu’à   « Lorsqu’on met de l’eau dans ces vases, ils répan-
                                                           ! dent une odeur argileuse des plus sensibles ; l’eau
                  lui faire subir certaines modifications, pour
                                                           j ne les traverse pas tout de suite, mais au bout de
                  l’approprier à leur génie propre et à leurs   dix à vingt heures, elle suinte en gouttelettes très-
                  usages particuliers.                     i petites de toutes les parties où il n’y a presque pas
                                                            de vernis. Néanmoins cette poterie s’approche da­
                                                            vantage par sa composition de la pâte des faïences
                                                            que de celle des poteries communes ; car elle fond
                                                            complètement à la température de la cuisson de la
                                                            porcelaine, et renferme environ 10 pour 100 de
                                                            chaux, indiquée par l’analyse, qui a donné les résul­
                               CHAPITRE X
                                                            tats suivants :
                  COMPOSITION CHIMIQUE, CARACTÈRES ET PROPRIÉTÉS DES
                                                            Analyse de la pâte dépouillée de vernis, et privée d'eau
                         POTERIES GRECQUES ET ÉTRUSQUES.
                                                                         d’un vase campanien.
                                                                          Par M. Büissox.   Par Vauoublin (I)
                    Avant de passer à la poterie romaine, à           Dans le laboratoire de l’Esse.
                  ton histoire et à la description de ses prin­  Silice............................  03  53
                                                             Alumine......................  20  15
                  cipaux types, nous caractériserons, au point   Chaux..........................  09  08
                  de vue scientifique, l’espèce chimique des po-   Magnésie.....................  02  »
                                                             Oxyde de fer..... .........  04  2i
                  eries sur lesquelles les Grecs ont tracé leurs   Perte de manipulum..  02
                  chefs-d’œuvre.                                              IgD             100
                    Fait singulier, ces vases aux contours si
                                                              « Le vernis transparent qui recouvre cette pâte
                  purs , aux formes si délicates, au dessin
                                                            est tellement mince, qu’on n’a pas encore entrepris
                  si correct et si achevé, furent exécutés   d’en déterminer la nature. La couleur noire qui est
                 sur la plus grossière des matières cérami­  employée, soit comme fond général, soit comme
                 ques, sur ce que l’on nomme la poterie com- j   couleur, n’est pas très-bien connue. M. Chaptal af­
                                                            firme que ni l’un ni l’autre ne renferme aucun
                 mime, et qui sert aujourd’hui à confection- |
                                                            oxyde de plomb, et que la couleur noire est due à
                 ner nos marmites, nos écuelles vernissées, et   la vitrification de quelques produits volcaniques.
                 les vases les plus infimes à l’usage du peuple. | M. Vauquelin l’attribue à une combinaison char­
                                                            bonneuse analogue à l’anthracite.
                   C’est à Alexandre Brongniart que l’on doit
                 la découverte de ce fait, que les vases grecs
                                                              (1) Vases grecs, par Dubois de Maisonneuve, t I, Intro­
                 rentrent dans la classe des poteries les plus  duction, page 8, note!?.
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