Page 212 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                              207


                                                     nous arrivons à 1ère de Périclès, de Péri-
                                                     clès qui dépensa 18 millions (3,000 talents),
                        CHAPITRE IX
                                                     pour enrichir Athènes des chefs-d’œuvre
                RÉSUMÉ DE LA CÉRAMIQUE CHEZ LES GRECS.  de l’architecture de la sculpture et de la
                                                     peinture recueillis dans le monde entier.
             Ce n’est pas sans une certaine satisfaction   Alors Phidias produit la statue de Minerve ;
           que nous avons exposé les progrès faits par   mais ,condamné à l’exilpar ses compatriotes
           la céramique dans l’ancienne Grèce. Le    ingrats, il taille dans la pierre son Jupiter
           développement de cet art retrace plasti­  Olympien, et ne croit pas se déshonorer en
           quement l’histoire de la Grèce artistique.   descendant dans les ateliers des potiers du
           Qu’étaient les Grecs? Des peuplades venues   Céramique, et en dessinant pour eux les
           un peu de partout. Ils s’établissent sur un sol   modèles des vases qu’ils vont exécuter.
           prédestiné, favorisé de tous les dons de la   Avec de pareils éléments, comment la
           nature. Ils s’épanouissent aux doux rayons   céramique pouvait-elle ne pas produire des
           du soleil, et dans l’air qu’ils respirent ils   chefs-d’œuvre? Le temps était loin où ,
           semblent puiser le germe et l’instinct des   comme nous l’avons dit, c’étaient des oli­
           beaux-arts. En partant de simples ébau­   viers dégrossis qui représentaient la Pallas
           ches, ils créent bientôt des chefs-d’œuvre.   antique et les autres divinités de l’Olympe.
           Dans les arts, dans la littérature, dans les   Il fallait aux peuples de l’Attique des ob­
           sciences, ils savent tout s’assimiler, et leur   jets, non d’un art conventionnel, mais
           génie aidant, ils produisent une civilisation   d’un art véritable. Ils avaient trop souvent
           de toutes pièces, une science parfaite, une   symbolisé la force par un homme barbu,
           société brillante et polie, dans laquelle au­  aux membres épais ; ils voulurent qu’on
           cun peuple n’aurait pu reconnaître la part   leur représentât des jeunes gens, deséphêbes,
           qui lui avait été prise, et qui finit bientôt par   aux formes rendues viriles par les exercices
           s’imposer à l’Europe tout entière.        du gymnase. Les femmes couvertes de vête­
             Dibutade invente la plastique, acceptons   ments disparurent, pour faire place aux
           comme vraie cette fable ; mais les Grecs   vierges nues « habillées de leur innocence »,
           sont commerçants, ils trafiquent avec les   pour emprunter l’image d’un poète. Tout
           peuples de l’Orient et ils rapportent des   tendit au beau, dans l’acception artistique du
           pays lointains des objets d’art, qui excitent   mot, et bientôt la céramique, s’inspirant de
           leur enthousiasme lorsqu’ils les comparent   l’esthétique, de la statuaire et de la peinture,
           à ceux qu’ils produisent eux-mêmes. Bien­  créa d’admirables monuments, dont un
           tôt, la poésie des peuples de l’Orient les in­  grand nombre malheureusement ont disparu
           spire : ils imitent, pendant quelque temps,   aujourd’hui, perte que ceux qui nous restent
           mais bientôt ils créent par eux-mêmes. On   nous font regretter plus douloureusement
           voit alors éclore des œuvres gigantesques   encore.
           ou magistrales. Homère chante l’Iliade et    La Grèce multipliant ses colonies, les
           l’Odyssée ; Aristote, après Pythagore et Tha-   Grecs apportent dans ces centres nouveaux
           lès, élève d’un seul coup le majestueux édi­  leurs goûts artistiques. Ce n’est plus seule­
           fice des sciences physiques et naturelles. Des   ment à Athènes et à Corinthe qu’on trouve
           peintres, timides d'abord, ensuite hardis, se   des potiers grecs. A Smyrne, à Samos, à Rho­
           montrent aux quatre coins de cette terre pri­  des, dans l’Asie Mineure, on voit produire
           vilégiée.                                 des coupes élégantes et des vases artisti­
             Avançons de trois ou de quatre siècles, et   ques. Jusqu’en Afrique, à Tripoli, à Car-
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