Page 207 - Les merveilles de l'industrie T1
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202                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                   noire, godronnée ; figures et ornements en '  tails. Ainsi, ils sont généralement couverts
                  relief.                                    d’inscriptions grecques, et quelque variété
                     Fig. 145.  Vase biforme, culot turbiné, col­  qu’on trouve dans leur style, on y recon­
                  let colliforme, anses simples, perpendiculai­  naît toujours les caractères grecs dans l’as­
                  res, bas-reliefs, pâte noire.              sociation des couleurs, c’est-à-dire des figu­
                     Fig. 146.  Vase biforme, à culot pyriforme  res brunes sur un fond jaune, des figures
                  godronné, collet colliforme, à anses perpen­  noires sur un fond rougeâtre et des figures
                  diculaires cordées.                        rougeâtres sur un fond noir. En outre, on
                     Le dernier de ces vases, à pâte noire,   ne voit sur ces vases que des sujets grecs,
                  assez bien façonné malgré l’irrégularité du   avec les divinités, les costumes et les usages
                   godron et de la position des figures, appar­  de l’Attique, et néanmoins quelques vases
                  tient à la collection du Musée du Louvre.  portent des inscriptions en caractères étrus­
                     On a trouvé en outre, dans l’Etrurie, des   ques et en caractères grecs disposés arbi­
                  vases noirs, dont la pâte est rougeâtre et   trairement, par conséquent inintelligibles.
                   grossière, et qui sont bien différents, par leur   Les potiers plaçaient ces caractères pour don­
                   forme et leur lourdeur, des vrais vases   ner, dit-on, à leurs produits l’apparence
                   étrusques, noirs, luisants, qui sont de modèle   d’une haute antiquité.
                   léger, avec des ornements en relief d’un goût   Nous venons de parler des controverses
                   parfait, et qui viennent des environs d’Arezzo,   qui ont eu lieu entre les archéologues, à
                   deVolterra, etc. Ces vases portent des figures   propos des vases dits étrusques, que l’on
                   en relief et comme appliquées après coup. On   considère généralement aujourd’hui comme
                   n’y reconnaît aucune imitation ni des Grecs,   d’origine grecque. Il ne sera pas sans inté­
                   ni des Romains mais on y trouve plutôt,   rêt de terminer cette discussion en repro­
                   comme le dit M. Dorow, dans son livre sur   duisant quelques lignes du Traité des arts
                   les Poteries étrusques, quelque analogie avec   céramiques de Brongniart.
                   les vases germains des bords du Rhin et les
                                                               « Les poteries campaniennes italo-grecques, que
                   vases gaulois ; ce qui confirme l’opinion que   l’on considère, dit Brongniart, comme les plus ancien­
                   nous avons émise plus haut de l’antiquité de   nes, sont celles qu’on a désignées pendant longtemps
                   la céramique chez les habitants primitifs   sous.le nomimpropre de poteries et vases étrusques. Mais
                                                             les antiquaires et tous les érudits qui ont fait atten­
                   d’une partie de la Gaule et de la Germa­
                                                             tion aux lieux d’où ces vases ont été tirés, qui ont
                   nie.                                      étudié les sujets qu’ils représentent, les inscriptions
                     Reaucoup de ces vases n’ont pas été cuits,   qu’ils portent, ont admis que la fabrication de ces
                                                             poteries datait d’un temps antérieur aux Étrusques,
                   mais simplement séchés au soleil. Aussi
                                                             qu’elles étaient d’origine grecque et des plus an­
                   sont-ils très-fragiles. M. Brongniart partage,   ciens temps de la Grèce. Winckelmann, faisant remar­
                   sur leur ressemblance avec les vases ger­  quer que ces vases ne se trouvaient pas en Toscane,
                   mains et gaulois, l’opinion de M. Dorow.  mais toujours dans ces parties de l’Italie qu’on appe­
                                                             lait la Grande-Grèce, et notamment dans la Campanie,
                     Il est à remarquer qu’en trois ans (de
                                                             leur donne, le premier, le nom de vases campaniens.
                   1827 à 1830) on trouva un véritable gîte de   « L’origine de cette erreur, dénoncée par Winckel­
                   vases étrusques dans les environs de Vulci,   mann et entièrement détruite par d Hancarville,
                                                             vient, dit-on, de l’interprétation que les Toscans ont
                   car leur nombre dépassait 5,000. Ce qui a
                                                             voulu faire en faveur de l’ancienneté de leurs an­
                   donné lieu à de nombreuses controverses,   cêtres, les Étrusques, d’une épigramme de Martial,
                   parmi les archéologues, c’est que ces vases,   qui a appliqué le nom d’Étrusques à des vases
                                                             d’Arezzo, faits dans cette ville par des ouvriers grecs
                   quoique évidemment trouvés sur le terri­
                                                             venus de Samos. Les Toscans ont appliqué cette
                   toire étrusque, présentent tous les carac­  dénomination à tous les vases semblables déterrés
                   tères de vases grecs, même dans leurs dé­  en Italie.
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