Page 77 - La Lecture Expressive
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              ~t:;;J 35.  Les  sabots  des  petits  bergers


                                           I

                L\Nous avons  dîné  ensemble,  sur l'herbe.  Après  le  dîner,  nous
              sommes  remontés  sur  nos  ânes  pour  revenir  par un  autre  sentier
              qui  suit,  entre  des  noisetiers  sauvages,  le  faîte  de  la  montagne.
                2.  Le  sabot  des  ânes  sur le  rocher,  les  cris  des  enfants,  le  siffie-
              ment  des  merles  qui  s'envolaient,  les  coups  db  fusil  de  mon  mari
              et du garde qui tiraient sur des volées de perdrix rouges, la  conver-
              sation  des  petits  garçons,  faisaient  un  grand  bruit  devant  notre
              caravane  1   :  on  aurait  pu  croire  que  c'était  une  bande  de  marau-
              deurs  qui  parcouraient la  montagne.
                Il  y  avait  de  quoi  épouvanter  les  petits  bergers  qui  gardent
              leurs  chèvres  et  leurs  moutons  sur  les  lisières  des  noisetiers  que
              nous traversions.
                3.  C'est  ce  qui  arriva.  Nous  aperçûmes  bientôt,  dans  une  clai-
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              rière  nue  ,  au-dessus  du  sentier,  de  petits  troupeaux  de  brebis  et
              de  chèvres  sans  berger,  sous  la  garde  de  deux  chiens  noirs  qui
              aboyaient  contre  nous.
                Un  peu  plus  loin,  nous  vîmes  les  cendres  d'un  petit  feu  entre
              deux grosses pierres au milieu  du sentier. Le feu  était éteint,  mais
              il y avait à côté deux paires de petits sabots de bois, comme en por-
              tent les  enfants du pays.•
                4.  Nous  comprîmes  que  ces  enfants,  gardiens  des  brebis  de  leur
              chaumière, n'étaient  pas  bien  loin  ;  nous  supposâmes,  ce  qui  se
              trouva vrai,  qu'e!Trayés  par le  bruit des  voix et des  coups  de  fusil
              ils  s'étaient  enfuis  et  cachés  dans  les  bruyères,  sans  avoir  eu  le
              temps de  ch:msser leurs petits pieds nus.
                                                              (A  ,uivro.)

                Les mots  : 1. Caravane: troupe de voyageurs réunis pour franchir un désert
              ou une contrée peu sfire.  Il  s'agit simplement ici de la troupe de nos voyageurs.
              2. Clairière: endroit où la forêt est plus claire, parce que les arbres y sont moins
              touffus ;  nue : sans  arbres.
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