Page 82 - La Lecture Expressive
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Lecture ! 37. Les cherche-pain
l. Les trois enfants faisaient leurs tournées ensemble. Pieds
nus, le ventre vide, ils s'en allaient dès le matin par les sentiers de
traverse gui conduisent d'une ferme à l'autre. Ils s'arrêtaient à
chaque porte.
2. Quand personne ne les avait c,ntendus arriver, ils toussaient,
timidement d'abord, puis plus fort, pour avertir la ménagère. Si
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celle-ci était occupée ailleurs, ils s'asseyaient sur le seuil et tapaient
du coude dans la porte, en chantonnant d'une voix trainante :
« Charité, s'il vous platt ! Charité I Charité! s'il vous platt 1
3. - Qu'est ça?
- Les cherche-pain ! Charité, s'il vous platt !
- Combien ? disait la voix.
- Deux, trois ! »
Parfois ils frappaient en vain ; la porte ne s'ouvrait pas, et ils
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attendaient des heures entières, grelottant aux mauvais jours.
4. Il leur arrivait de galopiner le long des routes, mais il fallait
ensuite rattraper le temps perdu. Les tournées étaient longues, car
il y avait des gens qui fermaient leur porte en disant : « On ne donne
plus !... On ne donne plus : vous êtes soutenus par la commune.
Auj<7llrd'hui, les plus malheureux ne sont pas les malheureux.
Allez-vous-en ! »
5. En revanche, il y avait de bonnes portes ; il y avait des gens
gui donnaient de la miche et invitaient à entrer pour se réchauffer.
Ernest PÉROCHON (Les Creux-de-Maisons, Pion, éditeur).
Les mot■ 1 1, Timidement: d'une manière timide, craintive, peureuse, man- •
quant de hardiesse et d'assurance ; en tremblant. 2. Grelottant: tremblant de
froid (proprement, tremblant comme un grelot).
Les ld6e■ : C'est une scène qui peint la misère de certaines familles de pay-
sans, dont les jeunes enfants allaient, autrefois, chercher leur pain de ferme en
ferme.
Relevez les traita qui vou, ont particulièrement émus (pieds nus, le ventre vide ... ,
ils toussaient timidement ... , les cherche-pain ... , lis attendaient des heures
entières, grelottant ... ).