Page 25 - La Lecture Expressive
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[ Lecture 9. Les deux sœurs
Elle était pâle, et pourtant rose,
Petite, avec de grands cheveux.
Elle disait souvent : Je n'ose,
Et ne disait jamais : Je veux.
Le soir, elle prenait ma Bible 1
Pour y faire épeler sa sœur,
Et comme une lampe paisible,
Elle éclairait ce jeune cœur.
Sur le saint livre que j'admire,
Leurs yeux purs venaient se fixer,
Livre où l'une apprenait à lire,
Où l'autre apprenait à penser!
Sur l'enfant, qui n'eût pas lu seule,
Elle penchait son front charmant,
Et l'on aurait dit une aïeule 2,
Tant elle parlait doucement ! ...
Moi, j'écoutais... - 0 joie immense
De voir la sœur près de la sœur !
Mes yeux s'enivraient en silence
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De cette ineITable ' douceur.
Victor H,.rao (Les Contemplations).
Lee mots : 1. Bible: livre des Saintes Écritures. (Rapprocher bibliothèque :
, dépôt• de lwres.) 2. Aïeule: grand'mère. 3. S'enivrer: se rendre ivre, et Ici
se troubler, s'exalter. Pourquoi le poète est-il troublé ? 4. Ineffable: qui ne peut
être exprimé par des paroles ; on dit : une joie ineffable. (Rapprocher affable :
à qui l'on peut aisément adresser la parole.)
Les Idées : Le poète parle de sa fille avec une tendresse émue ; 11 en trace le
portrait physique et surtout le portrait moral : voytu-la, si douce et déjà si
attentive, penchée sur sa jeune sœur. • 0 joie Immense I a s'écrie le père ...