Page 245 - La Lecture Expressive
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Lecture 118. Retour de promenade
1. Un souflle léger passe dans l'air et Catherine frissonne : c'est
le soir qui vient.
- J'ai faim, dit petit Jean. •
Mais Catherine n'a pas un morceau de pain à donner à son petit
frère. Elle lui dit :
- Mon petit frère, retournons à la maison.
Et ils songent tous deux à la soupe aux choux qui fume dans
la marmite pendue à la crémaillère, au milieu de la grande chemi-
née. Catherine amasse ses fleurs sur son bras, et, prenant son petit
frère par la main, le conduit vers la maison.
2. Le soleil descendait lentement à l'horizon rougi. Les hiron-
delles, dans leur vol, effieuraient les enfants de leurs ailes immo-
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biles. Le soir était venu. Catherine et Jean se pressèrent l'un contre
l'autre.
Catherine laissait tomber une à une ses fleurs sur la route. Ils
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entendaient, dans le grand silence, la crécelle infatigable du gril-
lon. Ils avaient peur tous deux, et ils étaient tristes parce que la
tristesse du soir pénétrait leurs petites âmes. Ce qui les entourait
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leur était familier , mais ils ne reconnaissaient plus ce qu'ils connais-
saient le mieux ...
3. Il semblait tout à coup que la terre fût trop grande et trop
vieille pour eux. Ils étaient las, et ils craignaient de ne jamais arriver
à la maison où leur mère faisait la soupe pour toute la famille. Le
petit Jean n'agitait plus son fouet. Catherine laissa glisser de sa
main fatiguée sa dernière fleur. Elle tirait son petit frère par le bras,
et tous deux se taisaient.
Enfin, ils virent de loin le toit de leur maison qui fumait dans le
ciel assombri. Alors ils s'arrêtèrent et, frappant ensemble des
mains, poussèrent des cris de joie. Catherine embrassa son petit
frère, puis ils se mirent ensemble à courir de toute la force de leurs
pieds fatigués. Quand ils entrèrent dans le village, des femmes
qui revenaient des champs leur donnèrent le bonsoir. Ils respirèrent.
La mère était sur le seuil, en bonnet blanc, la cuillère à la main,