Page 196 - La Lecture Expressive
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            Lecture  1             94.  Abeille  <conte>


                          II.  Abeille  et  Georges  (suite).
            1.  Sans dire si cette explication la contentait, Abeille contemplait
          l'horizon:
            <<  Petit frère, petit frère, vois-tu ce qui brille du côté des montagnes
          bleues ? C'est le lac!
          r  -  C'est le lac! »
            Ils  se  rappelèrent alors ce  que  la  duchesse  leur avait dit de ces
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          eaux dangereuses et belles, où les Ondines  avaient leur manoir 2.
            ~ « Allons-y ! >>
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            2.  Cette résolution bouleversa  Georges, qui, ouvrant une grande
          bouche, s'écria :
            <<  La duchesse nous a  défendu de sortir seuls, et comment irions-
          nous à ce lac qui est au bout du monde ?
            -  Comment  nous  irons,  je  ne  le  sais  pas,  moi.  Mais  tu  dois  le
          savoir, toi qui es un homme et qui as un maître de grammaire.»
            3.  Georges,  piqué 4,  répondit  qu'on  pouvait  être  un  homme  et
          même  un  bel  homme  sans  savoir  tous  les  chemins  du  monde.
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          Abeille  prit  un  petit  air  dédaigneux  qui  le  fit  rougir  jusqu'aux
          oreilles, et elle dit d'un ton sec :
            <c  Je n'ai  pas promis,  moi,  de  conquérir les  montagnes  bleues et
          de  décrocher  la  lune.  Je ne sais pas le  chemin  des  lacs,  mais  je le
          trouverai bien, moi !
            -  Ah! ah! ah! s'écria Georges en s'efforçant de rire.
            -  Vous riez comme un cornichon, monsieur.
            -  Abeille, les cornichons ne rient ni ne pleurent.
            -  S'ils riaient, ils riraient comme vous, monsieur. J'irai seule au
          lac.  Et, pendant que  je  découvrirai  les  belles eaux qu'habitent les
          Ondines,  vous  resterez  seul  au  château  comme  une  petite  fille.  Je
          vous laisserai mon métier et ma poupée. Vous en aurez grand soin,
          Georges,  vous en aurez grand soin. »
            4.  Georges  avait  de  l'amour-propre.  Il  fut  sensible  à  la  honte
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