Page 184 - La Lecture Expressive
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Lecture 1 88. Le retour de Miraut
J Le braconnier Liséc, après une série de désagréments avec les gardes, et
J pour se débarrasser des criailleries de sa femme, s'est· décidé à vendre son
t chien Miraut. Mals Miraut s'enfuira pour retrouver Lisée.
1. Lisée n'avait pu dormir la nuit du jour où partit Miraut.
C'était un homme accablé : un de ses parents serait mort qu'il n'en
aurait pas été plus triste ...
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Toute la semaine, Lisée traîna languissant , désœuvré , d'une
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pièce à l'autre, de la remise à l'écurie, du jardin au verger, brico-
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lant un peu, incapable de se donner à quelque travail sérieux ou
suivi.,.Sa femme, triomphante, se moquait de lui et haussait les
épaules, - en silence toutefois, car, si d'aventure elle se fût hasardée
à aller trop loin dans cette voie, elle aurait pu craindre un éclat de
colère dont son derrière et ses côtes eussent pu se ressentir fortement.
2. Cette après-midi là, plus triste et plus sombre que jamais, le
braconnier, devant sa maison, s'occupait à scier quelques rondins
qu'il avait récemment ramenés de la coupe et qui encombraient un
peu le bas de sa grange.
Courbé en deux, un pied sur le bois du chevalet, il tirait et pous-
sait lentement la scie, d'un air accabié, lorsque, tout à coup, sans
qu'il s'y attendit le moins du monde, il sentit deux pattes brusque-
ment s'appliquer sur ses reins en même temps qu'un aboi de joie et
de tendresse, un aboi bien connu, retentissait, roucoulait à ses
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oreilles.
,3. Du coup, il en lâcha la scie et le morceau de bois, et, comme
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électrisé , avec la rapidité de l'éclair, il se retourna.
j - Miraut était là qui le léchait, se tordait, se tortillait, l'embras-
sait, lui parlait, lui disait sa joie de le retrouver, sa peine de l'avoir
quitté, son ennui là-bas, sa longue attente.
- Et lui aussi, fou de joie, s'était baissé et se laissait embrasser
~t entourait son chien de ses braa, le cajolant et ne trouvant à lui
dire que ces mots d'enfant ou de mère :