Page 104 - La Lecture Expressive
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Lecture 48. Assiégé par les loups <ttnJ
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1. L'aube vint, et le jour. La flamme brûlait plus bas. La pro-
vision de bois était épuisée, et il fallait la renouveler. Henry tenta
de franchir le cercie ardent qui le protégeait, mais les loups surgirent
aussitôt devant lui. Il leur ~ança, pour les écarter, quelques bran-
dons, qu'ils se contentèrent d'éviter, sans en être autrement effrayés.
Il dut renoncer au combat.
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2. L'homme, vacillant , s'assit sur son matelas et ses couvertures.
li laissa tomber sa poitrine sur ses genoux, comme si son corps eût
été cassé en deux. Sa tête pendait vers le sol. C'était l'abandon de
la lutte. De temps à autre, il relevait légèrement la tête pour observer
son teu qui se mourait. Des brèches s'ouvraient dans le cercle de
flammes et de braises.
« Je crois, murmura-t-il, que bientôt vous pourrez venir et m'avoir.
Qu'importe à présent ? Je vais dormir. »
Une fois encore, il entr'ouvrit les yeux, et ce fut pour voir, par
une des brèches, la louve qui le regardait.
3. Combien de temps dormit-il ? Il n'aurait su le dire. Mais,
lorsqu'il se réveilla, il lui parut qu'un changement mystérieux 2
s'était produit autour de lui. Les loups étaient partis. Seul le pié-
tinement pressé de leurs pattes imprimées sur la neige lui rappelait
le nombre et l'acharnement pressé de ses ennemis. Puis, le sommeil
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redevenant le plus fort, il laissa retomber sa tête sur ses genoux.
4. Ce furent des cris d'hommes quî le réveillèrent tout à fait,
mêlés au bruit des tratneaux.
Quatre traîneaux venaient en eflet vers lui. Une demi-douzaine
d'hommes l'entouraient quelques instants après. Accroupi au milieu
de son. cercle de feu qui se mourait, il les regarda comme hébété 4,
et balbutia :
a La Jouve rouge... D'abord elle mangea les chiens ... Puis elle
mangea Bill... »