Page 252 - Histoire de France essentielle
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Lectures. PÉRIODE CONTEMPORAINE.
n5e Lecture. — Les dernières cartouches (fig- 197)-
Le 3i août 1870, le général Lambert est chargé de la défense de
Bazeilles contre l’armée bavaroise. Trois fois le village est pris et repris.
Les ennemis sont toujours chassés à la baïonnette. Mais ils sont 35 000
contre 1 aoo.
Une centaine de Français se retirent dans une maison isolée. Ils
tirent par les fenêtres et font subir aux assaillants des pertes énormes.
Au bout de deux heures, ils sont complètement cernés par les Bava
rois. La maison est dans un piteux état : les portes et les fenêtres sont
percées à jour, la toiture est à moitié enlevée par un obus. La laite ne
cesse qu’avec les munitions.
Il faut songer à se rendre, si c’est possible, car les ennemis poussent
des cris de mort. Les soldats, qui s’attendent à être tués, veulent sortir
à la baïonnette. Leur chef les arrête, franchit la porte. Plus de vingt
baïonnettes se croisent sur sa poitrine. Il doit la vie au capitaine bava
rois. {D'après un rapport du général Lambert.)
116e Lecture. — La journée du j septembre à Paris.
La nouvelle de la capitulation de Sedan et de la reddition de l’em
pereur s’était répandue dans toute la ville et y causait une indignation
universelle. Le soir du 3 septembre, une foule immense couvrait les
boulevards, de nombreux cris demandant la déchéance partaient des
groupes.
Le dimanche, '1 septembre, le Palais-Bourbon, où siégeait le Corps
législatif, est envahi par la foule, qui stationnait sur la place de la
Concorde et devant la façade du palais. Elle pénètre par les couloirs et
les escaliers, se précipite dans les tribunes publiques en poussant le
cri : « la déchéance! » mêlé au cri de : « vive la France! vive la Répu
blique ! » Gambella essaye de calmer la foule, mais elle entre tumul
tueusement dans la salle des séances, et un conflit sanglant allait
peut-être éclater, quand Jules Favre l’entraine à l’Hôtel de Ville pour
y proclamer la République. Le trajet du Palais-Bourbon à l'Hôtel de
Ville ne se fit que lentement, tant la foule était compacte. C'est à peine
si les gardes nationaux, qui entouraient les députés de l'opposition,
parvenaient à leur frayer un passage. Il était quatre heures lorsqu’ils
débouchèrent sur la place de Grève, et c’est aux acclamations enthou
siastes de la population, qu'ils proclamèrent la République et organi
sèrent le nouveau gouvernement. {D'après Jules Favre,
Histoire du Gouvernement de la Défense nationale.)