Page 248 - Histoire de France essentielle
P. 248
Lectures. — 240 — PÉRIODE CONTEMPORAINE.
La couronne d’Espagne ayant été offerte au prince Léopold de
[lohenzollern, le gouvernement impérial déclara qu’il ne pouvait
« souffrir qu’une puissance étrangère dérangeât à notre détriment
l'équilibre des forces en Europe ». Le prince allemand renonça à la
couronned’Espagne ; cette solution devait assurer le maintien de la paix.
Dans la journée du i3 juillet 187.0, notre ambassadeur en Allemagne
recevait à Ems une dépêche lui enjoignant de demander au roi de
Prusse qu’il interdit à jamais au prince Léopold d’accepter la candida
ture du trône d’Espagne, si elle lui était offerte de nouveau. Cette
attitude nouvelle provoqua une explosion de colère dans les pays alle
mands, et causa à Bismarck une grande satisfaction.
Le roi Guillaume lit répondre à l’ambassadeur « qu'il avait consenti
« à donner son approbation entière et sans réserve au désistement du
« prince de Hohenzollern, mais qu’il ne pouvait faire davantage ». 11
ajouta qu’à ses yeux l’incident était clos, et qu’il n’y avait plus lieu
d’en parler.
Le gouvernement français lit répandre aussitôt dans Paris le bruit
que notre ambassadeur avait été outragé par le roi de Prusse. De®
bandes avinées, payées par certaines personnalités, poussaient dans les
rues les cris répétés de : « A Berlin ! »
Sur l’assurance donnée par le maréchal Lebœuf « qu'il ne manquait
pas un boulon de guêtre », Napoléon III déclara la guerre à la Prusse.
Le ministre, M. Ém. Ollivier, obtint le vote d’un premier crédit de
5oo millions de francs malgré les protestations de l'opposition et un
discours plein de sagesse de Thiers. Le vieil homme d’Etat s’efforça de
démontrer, en des paroles éloquentes et émues, que cette guerre était
une faute, parce que l’occasion n’était pas bonne, parce que la France
était isolée et sans alliances fermes sur qui compter, enfin qu’elle n’était
pas prête. 11 disait vrai, malheureusement.
(D’après le commandant Rousset.)
n3e Lecture. — Les cuirassiers de Iteichshoffen (fig. 196).
C’étaient le 8° et le 9e cuirassiers, de ces hommes de fer, grands et
forts, pareils à des géants sur leurs chevaux solides. Il leur fallut tra
verser le village de Morsbronn, descendre dans le vallon, se reformer
et recharger encore. Dans le village, les Allemands embusqués tirent à
bout portant sur la trombe humaine qui passe. Des officiers allemands
brûlent des cervelles en étendant du haut des fenêtres leurs bras armés
de revolvers qu'ils déchargent sans danger sur ces cavaliers emportés.
Au delà de Morsbronn, les batteries ennemies couvrent le vallon d'une
pluie de fer. Les cuirassiers ont à traverser des lioublonnières où leurs
sabres et leurs casques s'enchevêtrent, où les obus des Allemands les