Page 152 - Histoire de France essentielle
P. 152

Lectures.               — 144 —              LA RÉVOLUTION.


                       ;3'‘ Leci itie. — Cahiers des paysans de Culmon
                                      (Champagne).
                   Sire, tout ce qu’on nous envoyait de votre part, c'était toujours pour
                 avoir de l’argent. On nous faisait espérer que cela finirait, mais tous
                 les ans cela devenait plus fort. Nous ne nous en prenions pas à vous,
                 tant nous vous aimions, mais à ceux que vous employez et qui savent
                 mieux faire leurs affaires que les nôtres. Nous croyions qu’ils vous
                 trompaient, et nous nous disions dans notre chagrin : Si notre bon roi
                 le savait! Nous sommes accablés d'impôts de toutes sortes; nous, vous
                 avons donné jusqu’à présent une partie de notre pain, et il va bientôt
                 nous manquer si cela continue. Si vous voyiez les pauvres chaumières
                 que nous habitons ! la pauvre nourriture que nous prenons ! vous en
                 seriez touché. Cela vous dirait mieux que nos paroles que nous n’en
                 pouvons plus et qu’il faut nous diminuer. Ce qui nous fait bien de la
                 peine, c’est que ceux qui ont le plus de bien payent le moins. Nous
                 payons la taille et tout plein d’ustensiles (?) et les ecclésiastiques et les
                 nobles, qui ont les plus beaux biens, ne payent rien de tout cela.
                 Pourquoi donc est-ce que ce sont les riches qui payent le moins et les
                 pauvres qui payent le plus? Est-ce que chacun ne doit pas payer selon
                 son pouvoir? Sire, nous vous demandons que cela soit ainsi, parce que
                 cela est juste.....
                        74e Lecture. —Le Serment du Jeu de paume.

                   Le 20 juin 1789, au matin, les députés de l’Assemblée nationale, en
                 arrivant à la salle des séances, trouvèrent la porte fermée, par ordre de
                 Louis XVI. Un piquet de gardes-françaises était chargé de faire observer
                 la consigne : le président de l’Assemblée, Bailly, obtint seul et à grand’
                 peine de pénétrer dans la salle pour y prendre quelques papiers.
                   A la fois irrités et irrésolus, les députés demeuraient devant la porte
                 sans savoir quel parti prendre. Le nombre grossissait sans cesse : ils
                 étaient déjà plusieurs centaines et ils formaient çà et là, sur la grande
                 avenue de Paris, des groupes où l’on discutait avec ardeur. Il fallait
                 prendre un parti. Les uns proposaient d’aller délibérer sur la place
                 d’Armes, qui se trouve au pied du château : « Non ! non ! criaient les
                 autres, allons sous les fenêtres du roi. Il sera bien obligé d’écouter nos
                 plaintes. »
                   La pluie qui commençait à tomber empêchait toute réunion en plein
                 air. Alors on proposa une salle très vaste où l’on jouait à la paume.
                 Ce jeu était très à la mode, et le frère de Louis XVI, le comte d’Artois,
                 y était particulièrement habile. « Allons au Jeu de Paume ! » s’écrièrent
                 tous les députés.
   147   148   149   150   151   152   153   154   155   156   157