Page 156 - Histoire de France essentielle
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Lectures. — 148 — LA RÉVOLUTION.
;5‘: Lecture. — La prise de la Bastille.
Depuis deux jours on disait que la Bastille était pleine de soldats qui
n’attendaient qu’un ordre du roi pour tout massacrer dans Paris.
Tous les yeux étaient tournés vers cette sombre forteresse dont les
canons pouvaient en quelques minutes détruire la moitié de la ville.
Le i4juillet, un cri courut dans tous les quartiers : A la Bastille!
A la Bastille !
Il fallait en finir. Il fallait mettre à bas ces huit tours qui se dres
saient menaçantes sur la tête des citoyens. Il fallait démolir pour tou
jours ces cachots ténébreux où depuis quatre siècles gémissaient des
innocents! A la Bastille! A la Bastille!
Les Parisiens descendirent dans la rue : bourgeois, artisans, ouvriers,
pauvres et riches, jeunes et vieux, tous marchaient, poussés par la
même pensée et n'ayant qu’un même cri : A la Bastille ! A la Bastille!
Les armes manquaient : on pilla les boutiques des armuriers. On
trouva des canons et des fusils à l’Hôtel des Invalides. Chantant, criant,
vociférant, la foule, sans cesse grossie par de nouveaux renforts, se rua
vers la Bastille. On attaqua la grande porte à coups de hache; on
coupa les chaînes qui retenaient le pont-levis. Le gouverneur, M. de
Launay, eût pu se défendre. Il parlementa et fut perdu. Les assaillants
entrèrent dans la première cour du château. Il y eut des coups de feu
échangés entre eux et les soldats du gouverneur. Le sang coula; des
victimes tombèrent : l’exaspération des citoyens fut au comble. Ils
amenèrent leurs canons devant la forteresse. M. de Launay, qui suivait
la bataille du haut des tours, fit ouvrir les portes et la foule se précipita
dans la prison. Le gouverneur, saisi, maltraité, fut entraîné vers l’Hôtel
de Ville, mais il n’y arriva pas. 11 fut tué pendant le trajet avec
quelques-uns de ses officiers. Ni la mort du gouverneur, ni la prise de
la Bastille n’avaient apaisé la fureur du peuple : on se mit sur-le-
champ à démolir la vieille forteresse, et un an après, le jour de la
Fédération, on dansait sur ses ruines.
{D'après Ch. Normand.)
76e Lecture. — La fête de la Fédération.
Les fédérés arrivaient de toutes les parties du royaume. On les logeait
chez les particuliers qui s’empressaient de fournir tout ce qui pouvait
contribuer à leur rendre le séjour de la capitale agréable et commode...
Douze mille ouvriers travaillaient sans relâche à préparer le Champ-
de-Mars. Quelque activité que l’on mît à ce travail, il avançait lente-