Page 159 - Histoire de France essentielle
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ASSEMBLÉE CONSTITUANTE.  — 151 —            Histoire-Texte.

            justice fut accompagnée de violences qu’il faut réprouver :
            quelques scélérats, mêlés à la foule, égorgèrent le gouverneur
            de la forteresse.
              Deux jours après, Louis XVI reconnut le fait accompli : il
            se rendit à Paris et fut reçu à l’Hôtel de Ville par le maire,
            Bailly, que la capitale avait élu ; il approuva la formation de
            la garde nationale, commandée par La Fayette ; il accepta
            même de mettre à son chapeau la cocarde tricolore qu’avait
            adoptée la garde nationale comme signe de ralliement. Il
            s’avouait vaincu.
              5.  La nuit du 4 août. — Le 4 août, dans une séance de
            nuit, FAssemblée nationale remporta un nouveau succès : le
            clergé et la noblesse, dans un moment d’enthousiasme géné­
            reux, renoncèrent à tous leurs privilèges. L’égalité de
            tous les Français devant la loi et devant l’impôt lut procla­
            mée. C’était la fin du régime féodal.
              6. Journées des 5 et 6 octobre. — La cour, cependant,
            s’effrayait de toutes ces réformes et rêvait encore de résis­
            ter par la force à la Révolution. Les régiments fidèles à la
            famille royale furent rassemblés à Versailles; dans un ban­
            quet, les princesses ôtèrent aux officiers la cocarde tricolore
            et la remplacèrent par la cocarde blanche ; des menaces furent
            lancées à l’adresse de l’Assemblée nationale.
              Cette nouvelle causa une vive émotion dans Paris, où l’on
            souffrait de la disette. Une foule, composée en grande partie
            de femmes du peuple, se rendit à Versailles, le 5 octobre, pour
            demander du pain. Malgré La Fayette, accouru avec la garde
            nationale pour protéger le roi, le château fut envahi, et, le
            lendemain, la famille royale fut ramenée à Paris. L’Assem­
            blée l’y suivit bientôt.
              7.  La Fédération. — Pour célébrer le triomphe de la
            Révolution, F Assemblée organisa à Paris une fête nationale
            à laquelle furent conviés les représentants de toute la France.
            Cette fête eut lieu au Champ-de-Mars le 14 juillet 1790, jour
            anniversaire de la prise de la Bastille. Ce fut la Fédération
            ou alliance fraternelle de tous les patriotes. 3oo 000 personnes
            y prirent part. La Fayette monta sur Vautel de la patrie,
            dressé au milieu de la place, et jura, pour tous les fédérés,
            fidélité à la nation, à la loi et au roi. Le roi jura fidélité à la
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