Page 17 - Vincent_Delavouet
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240 francs entre les mains d’un huissier, qui me fit verser
29 francs pour ses honoraires et, comme résultat, mes
240 francs plus 29 francs furent perdus.
Chapitre IV
En Prison !
Ma situation semblait donc désespérée. D’aucuns se
seraient laissés aller au découragement, au désespoir même :
volé et menacé de prison ! Telle était ma situation lamen
table.
Ce fut justement dans ces moments les plus terribles
de ma vie que mon courage ne m’abandonna pas. Fort de
mon innocence, je savais qu’elle serait tôt ou tard reconnue.
Quant à l’argent perdu, je me sentais assez d’énergie pour
en regagner, et la pensée que ma jeune sœur Marie n’avait
que moi comme seul soutien, décuplait mes forces et ma
volonté. Je me sentais charge d’âme ; je voulais servir de
père à cette jeune fille inexpérimentée, puisque mon père
se désintéressait de nous, et m’aurait plutôt accusé que
défendu. En tous cas, je ne restai pas inactif, et, dès le lende
main du jour où ma signature me fut arrachée par surprise,
j’allai trouver sire X. pour avoir une explication avec lui.
Il sut trouver des mots et des phrases qui endormirent
une fois de plus ma confiance. Il me conseilla d’aller rendre
visite à son ami Y., dont la protection pouvait alors m’être
efficace, et je le quittai, berné une fois de plus.
Ce M. Y., que j’allai trouver, tout en me promettant
de me remettre mon argent sous peu de jours, me proposa
d’aller avec moi à la gendarmerie et d’u-er de toute son
influence (qui était réelle de par sa situation) pour étouffer
cette malheureuse affaire.
Nous voici donc à la gendarmerie ; moi, persuadé d’avoir
en ce Monsieur ! un utile défenseur. On me fait passer dans